Tahiti : «Vivre la paix sur ta terre» — Communauté d'Églises en mission

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Tahiti : «Vivre la paix sur ta terre»

La Cevaa était représentée par son Secrétaire Général, le pasteur Célestin Gb Kiki, lors du 135ème Synode de l'Église Protestante Māòhi, qui s'est tenu du 20 au 28 juillet 2019 à Moorea. Placé sous le thème de la paix, ce rassemblement annuel a permis des réflexions sur des thèmes forts d'actualité comme le don d'organes ou la mission aux Nations-Unies pour dénoncer notamment les essais nucléaires français dans le Pacifique. Ce Synode a également vu le renouvellement des dirigeants de l'Église : François Tahiarii Pihaatae en est devenu le nouveau président, succédant à Taaroanui Maraea qui devient professeur des pasteurs en formation.

François Tahiarii Pihaatae, nouveau président de l'Église Protestante Māòhi © EPMa

 

Chaque année, le Synode de l'Église Protestante Māòhi est une occasion pour marquer son engagement face aux défis de la société tahitienne : problèmes sociaux-économiques, menaces face à l'intégrité du fenua (la terre), défense de l'identité du peuple Māòhi... Son 135ème Synode, qui s'est déroulé du 20 au 28 juillet 2019 à Moorea, n'a pas fait exception. Placé sous le thème «Vivre la paix sur ta terre», il a abordé des problématiques fortes, comme les procédures lancées devant l'Onu pour faire reconnaître les préjudices subis par la Polynésie Française du fait de décisions du gouvernement français, ou comme la question, plus récente, du don d'organes. Mais ce Synode a aussi marqué un moment important de la vie de l'Église avec le renouvellement de ses instances dirigeantes.

Après seize années à la présidence de l'Église protestante Māòhi, le pasteur Taaroanui Maraea a cédé sa place au pasteur François Tahiarii Pihaatae, pour devenir professeur à l'école pastorale de Taha'a. Secrétaire général de la conférence des Églises du Pacifique (PCC) et seul candidat en lice, François Tahiarii Pihaatae a été élu à l'unanimité pour quatre ans. Céline Hoiore a été reconduite comme Secrétaire Générale. «Nous allons continuer le travail commencé mais nous allons apporter aussi de nouvelles choses, a déclaré le Président nouvellement élu. Nous allons consulter le peuple qui nous dira où il faut aller selon sa situation aujourd'hui dans la société. L'Église protestante Māòhi est une Église du peuple, pour le peuple et avec le peuple.»

Parmi les sujets de réflexion : don d'organes, nucléaire et ressources naturelles

Pour aller plus loin :

Ce renouvellement a eu lieu le samedi 20 juillet, à la veille de l'ouverture des travaux du Synode proprement dit, qui se sont traduits par une semaine de réflexions sur des thèmes choisis durant le séminaire organisé au mois de juin au temple Bethel de Papeete. Parmi les invités, la Cevaa était représentée par son Secrétaire Général, le pasteur Célestin Gb Kiki, qui a cité le chapitre 3 de la première épître aux Corinthiens : «Paul a planté, Apollos a arrosé mais Dieu a fait croître». Et d'ajouter : «C'est ce que nous vivons également ; certains ont planté avant nous, et nous avons aussi planté et arrosé à notre tour. D'autres viendront, ils planteront et arroseront eux aussi. Mais Dieu seul fera croître. Le planteur et l'arroseur ne sont rien sans la bénédiction de Dieu.» Également invité, le pasteur Var Kaémo, Président de l'EPKNC, a donné une vision de l'Église de Kanaky : un même Christ pour toutes les îles, en évoquant la population multi-ethnique de la Nouvelle-Calédonie.

Parmi les sujets forts abordés lors de ce Synode, l'Église s'est prononcée notamment sur le don d'organes, devenant ainsi la première à le faire parmi les diverses confessions religieuses présentes à Tahiti. Elle «recommande cependant le respect de la liberté individuelle et l'autorisation des familles» dans le cadre de telles décisions prises «pour sauver son prochain». Ce 135ème Synode a aussi permis de revenir sur les procédures lancées devant les Nations Unies pour dénoncer les conséquences de décisions prises par le gouvernement français. Le dossier le plus lourd étant celui des essais nucléaires dans le Pacifique : depuis la fin de ce programme militaire, l'Église poursuit son combat pour une reconnaissance effective du préjudice subi par le peuple Māòhi, et pour obtenir une indemnisation effective des victimes des retombées. Mais l'opposition s'étend aussi à d'autres sujets, comme celui des ressources minières des fonds océaniques, avec notamment la question des «terres rares». Le gouvernement polynésien ayant demandé à une société privée, Abyssa, spécialisée dans l'exploration des grands fonds marins, de s'intéresser à ces gisements, le Conseil constitutionnel a indiqué, dans une décision du mois de juin 2019, que ces «terres rares» devaient être reconnues comme «des matières premières stratégiques», et que pour des motifs de défense nationale, la compétence concernant leur exploitation devait revenir à l'État français. Au cours de ce 135ème Synode, l'Église a souligné pour sa part que «seul le peuple de Māòhi Nui est le propriétaire légitime de ses ressources naturelles», appelant «l'État français à respecter ses résolutions».

Un des moments forts du Synode de l'Église Protestante Māòhi © Cevaa

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