Nouvelle-Calédonie : un jubilé pour les 160 ans de Béthanie — Communauté d'Églises en mission

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Nouvelle-Calédonie : un jubilé pour les 160 ans de Béthanie

Dans cette lettre de nouvelles, le pasteur Olivier Delachaux, de l'EPUdF, envoyé de la Cevaa comme enseignant au sein du centre de formation pastorale Béthanie, en Nouvelle-Calédonie, revient largement sur les célébrations qui ont entouré l'anniversaire de cette école. L'occasion d'activer un vaste réseau de solidarité autour de la mise en place de cette fête. Le thème retenu pour ce jubilé était le don.
Vue des célébrations organisées pour les 160 ans de Béthanie © DR

Il y a 160 ans, le 28 juin 1858 très exactement, se déroula sur l'île de LIFOU - l'une des trois îles Loyauté au large de la Grande Terre - une importante réunion coutumière. Au sortir de cette assemblée, le grand chef de LIFOU envoya quelques proches vers son confrère de MARE, l'île voisine, pour obtenir lui aussi un missionnaire pour son peuple. Après avoir emprunté le chemin traditionnel, les envoyés accédèrent aux premiers missionnaires jamais présents en pays Kanak. Leur demande fut immédiatement relayée à la London Missionary Society. Quelques années plus tard arriva Mac Farlane et sa femme, tous deux Écossais. Ainsi naquit la station missionnaire de Béthanie qui abrite aujourd'hui le centre de formation théologique et pastoral du même nom. 

Aujourd'hui Béthanie s'est mise sur son 31 pour accueillir à l'occasion de son jubilé plus de … 500 personnes. Pour recevoir autant de monde, un vaste réseau de solidarité s'est soudainement activé. Un peu comme si de l'eau avait été versée dans un système d'irrigation inusité et que tout s'était mis à fonctionner naturellement. Et en quelques jours, avec de généreux dons et abondantes subventions de l'Église, de particuliers, de la mairie, de la province… se sont mis à pousser comme des fleurs en une nuit un stand par-ci, des poteaux électriques par là, un podium par là-bas. Puis sont venus les décorateurs, les paysagistes, les peintres. Sont arrivés ensuite les sommités coutumières, ecclésiales, d'anciens étudiants de retour sur les lieux de leurs commencements, des paroissiens de la Grande Terre et des paroissiens des îles, des danseurs traditionnels et des danseurs hip hop, des musiciens et des conteurs, des serveurs et des cuisiniers … Et toutes ces réjouissances ont convergé vers notre Seigneur avec le culte du dimanche matin où la prédication a été donnée par celui qui est pressenti comme le prochain président de l'EPKNC. S'en est suivi une mémorable sainte cène chorégraphique dans laquelle le lait de coco et l'igname ont symbolisé le sang et le corps de Jésus. Sainte cène que les étudiants de 4e année ont vécu comme un véritable envoi puisque commence pour eux leurs stages de fin d'étude en paroisse. 

Enseigner, un synonyme d'aimer

Pour aller plus loin :

Le thème retenu pour le jubilé a été le don. Lors des conférences, le thème a été décliné autour du don des coutumiers à l'Église avec les questions que cela pose aujourd'hui à une population kanak qui à augmenté sans que pour autant n'augmente la taille des lieux dans lesquels les tribus avaient été à l'époque consignées. Le thème du don aussi décliné au travers d'un réflexion vétérotestamentaire commencée il ya plus de 2500 ans et qui pose Dieu comme origine du don. Don de la vie à Adam, de la terre à Abraham, de la Torah à Moïse…réflexion que Jésus ouvre par une question : « Si tu savais le don de Dieu » (Jn 4) … Texte développé le lendemain lors de la prédication.

Je découvre un nouveau métier : enseigner, que je vis comme un synonyme d'aimer. Et mes étudiants me le rendent bien. Je suis tout heureux de leur offrir le fruit de mon labeur et mon enthousiasme semble communicatif. Heureusement qu'ils sont indulgents.

Je découvre aussi la beauté des membres de l'Église protestante de Kanaky Nouvelle Calédonie. Par exemple, il y a un mois une cinquantaine de «mamans» sont venues de tous les coins de l'archipel en avion, en bateau, en 4x4, pour faire la coutume et apporter aux étudiants l'équivalent en nature et en espèces de plusieurs mois de subsistance. Cette fête appelée Fête de l'ihnim, littéralement en Dréhu «fête de l'amour», a été instituée il y a une quarantaine d'année, lorsqu'un missionnaire a demandé aux étudiants pasteurs de Béthanie de quitter leurs champs pour se consacrer entièrement à l'étude. 

Voilà, à Béthanie nous sommes à la moitié de l'année et déjà une nouvelle promotion d'étudiants se prépare. Ils sont neuf à «avoir levé le bâton». Sinon c'est l'hiver. Le thermomètre peine à descendre sous les 20 °C ! Les moustiques sont partis se réfugier dans les anfractuosités des rochers du récif corallien, accordant ainsi quelques semaine de répit aux habitants de l'île.

Pasteur Olivier Delachaux
Centre de formation pastorale et théologique de Béthanie

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