Olivier Delachaux, en partance vers un "autrement" — Communauté d'Églises en mission

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Olivier Delachaux, en partance vers un "autrement"

Début 2018, Olivier Delachaux partira pour la Nouvelle-Calédonie comme envoyé de la Cevaa, afin d'enseigner l'Ancien Testament au Centre de Formation Pastorale et Théologique de Béthanie. Il renoue ainsi avec les engagements lointains : avant d'être pasteur de l'Eglise Protestante Unie de France (EPUdF), cet Alsacien a longtemps travaillé en Afrique et en Asie pour la Croix-Rouge.
Olivier Delachaux © Cevaa

De ses années de missions pour le CICR (Comité International de la Croix Rouge), Olivier Delachaux garde le souvenir d'une vie de "globe-trotter" toujours en partance pour un pays d'Afrique de l'Ouest, d'Afrique centrale ou d'Asie du Sud-Est. Une période jalonnée d'expériences difficiles, humainement abrasive : le CICR intervient dans des situations d'urgence, pour venir en aide aux personnes victimes de conflits armés. Olivier Delachaux aurait pu se contenter d'une vie de salarié de l'agro-alimentaire alternant les missions en France et à l'étranger : c'est d'ailleurs ce qu'il avait fait pendant une dizaine d'années, après ses études d'ingénieur agronome. Mais il était déjà en quête d'un "autrement". En recherche d'une vie spirituellement et humainement plus riche. D'où cette envie de s'investir au sein du CICR... En tout, il aura travaillé cinq ans pour la Croix-Rouge, en tant que logisticien. "Un grand virage", comme il le dit lui-même, par rapport à son précédent travail et à sa vie d'expatrié. Mais surtout la poursuite d'une quête intérieure dans laquelle il était engagé depuis l'enfance.

Né en Alsace, Olivier Delachaux a hérité de ses parents, issus de familles installées en France depuis trois générations, une double culture protestante, suisse et réformée d'un côté, allemande et luthérienne de l'autre. A laquelle est venue se superposer l'influence de l'Eglise évangélique baptiste dans laquelle ses parents l'emmenaient, pendant son enfance. Par la suite, il s'est rapproché de l'Eglise luthérienne, avant de rejoindre l'EREI (Union nationale des Eglises réformées évangéliques indépendantes), qui devait s'appeler par la suite l'Unepref (Union nationale des Eglises protestantes réformées évangéliques de France). Puis ce fut l'ERF (Eglise Réformée de France). Un parcours jalonné de rencontres avec des Eglises très différentes, de l'enfance à l'âge adulte, qui lui a permis de vivre toute la diversité du protestantisme. Et qui lui a, dès l'enfance, donné le goût du ministère pastoral.

Premières rencontres autour de la Nouvelle-Calédonie

Pour aller plus loin :

• Fiche d'Eglise : l'EPKNC
• Nouvelle-Calédonie : aider au dialogue, article sur une conférence du Défap
• Retour sur le synode de l’Eglise protestante de Kanaky Nouvelle-Calédonie

La vie devait ensuite l'emmener sur d'autres chemins, mais sans faire disparaître chez l'homme les quêtes de l'enfant. Lorsqu'il travaillait pour le CICR, à ses retours de mission, il se rendait régulièrement en Suisse chez les sœurs de Grandchamp, non loin de l'aéroport de Neuchâtel. Une communauté monastique dans laquelle il renouait avec la vie de prière, hors du fracas du monde, et avec la diversité des expressions de la foi : elle rassemble des sœurs de différentes Eglises et de divers pays, et met en avant sa vocation œcuménique. Olivier Delachaux fait aussi divers séjours aux Abeillères au sein de la Fraternité des Veilleurs. "C'est à partir de là", raconte Olivier Delachaux, "que j'ai entrepris un cheminement spirituel qui m'a amené à renouer avec le projet de devenir pasteur".

Lorsqu'il commence ses études de théologie, Olivier Delachaux croise très vite l'histoire de la Nouvelle-Calédonie. Ce sont tout d'abord "les excellents cours de Gilles Vidal", enseignant à l'Institut Protestant de Théologie à Montpellier, "qui a été en poste au Centre de Formation Pastorale et Théologique de Béthanie, et qui a fait sa thèse sur le mouvement d'évangélisation en Océanie." Pour financer ses études, Olivier Delachaux devient aumônier des cliniques à Montpellier, et il rencontre alors un groupe de jeunes Kanaks accidentés de la route et en séjour longue durée dans un établissement pour paraplégiques. En poste pastoral dans une paroisse d'Ardèche, il rencontrera par la suite le pasteur Jacques Stewart, ancien président de la Fédération protestante de France, et cheville ouvrière du rapprochement des communautés en Nouvelle-Calédonie : il avait pris part, après la sanglante prise d'otages de la grotte d'Ouvéa, à la mission de dialogue mise sur pied par le Premier ministre Michel Rocard. Une mission qui devait déboucher sur la signature, le 26 juin 1988, des accords de Matignon, qui ont permis depuis lors trente ans de paix civile dans l'archipel.

Après ce passage en Ardèche, il est envoyé par l'EPUdF (Eglise Protestante Unie de France) comme pasteur en Vendée. Mais il se pose la question de repartir. "J'ai été entendu par l'EPUdF", raconte-t-il, "alors j'ai commencé à m'informer sur ce qui était disponible". Le poste précédemment occupé à Béthanie par le pasteur David Facchin est disponible : le centre de formation pastorale et théologique de Béthanie recherche un pasteur, enseignant en Ancien Testament. Ce poste doit être pourvu dans le cadre d'un échange entre Eglises membres de la Cevaa. Olivier Delachaux ira donc enseigner en Nouvelle-Calédonie. Après avoir suivi la formation des envoyés du Défap - Service protestant de mission à Paris, il s'apprête à partir pour l'île de Lifou en janvier 2018.

Adopter le "low profile"

 

Olivier Delachaux sait qu'il arrivera en Nouvelle-Calédonie dans un contexte très particulier. Trente ans après la signature des accords de Matignon, la population de l'archipel s'apprête à voter, à l'automne 2018, lors d'un référendum d'autodétermination qui suscite déjà beaucoup d'inquiétudes. Les incertitudes entourant le scrutin et ses conséquences possibles risquent de raviver les tensions entre communautés. L'expérience acquise par Olivier Delachaux lors de ses années passées au service de la Croix Rouge lui sera précieuse. "L'un des mots d'ordre du CICR, lorsqu'on arrive dans un lieu inconnu, c'est d'adopter le "low profile". J'ai conscience qu'en allant en Nouvelle-Calédonie, il faut que je laisse derrière moi tout ce que j'ai appris et que je reparte de zéro. Je pars avec cette envie d'apprendre. Et je suis heureux d'aller de nouveau à la découverte de cet "autrement", de poursuivre cette quête humaine." Voilà un bon moment déjà qu'il s'imprègne et s'informe, patiemment. Une délégation Kanak était de passage à Paris, accompagnée précisément par Marie-Claire Kaemo, enseignante depuis 1997 à Béthanie et désormais directrice de l'établissement : Olivier Delachaux l'a rencontrée, a échangé avec la délégation. "Un bon contact s'est établi entre nous", résume-t-il.

Olivier Delachaux a pris plusieurs mois de congé sans solde pour préparer ses cours et, surtout, se préparer intérieurement. "Je suis très reconnaissant envers l'EPUdF qui me laisse ainsi partir, envers le Défap pour son travail de formation, et envers la Cevaa pour cette mise en lien, pour cette nouvelle aventure." Il ne se cache pas pour autant les défis de l'archipel qui va l'accueillir, les tensions, le désarroi d'une partie de la jeunesse qui peine à trouver sa place dans une société multiculturelle, mais où les diverses communautés peinent à s'inventer un destin commun. Et pendant ce temps, sur l'île de Lifou, on rénove son futur logement à l'école pastorale. Chacun prépare la rencontre à sa manière.

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