«Expliquer les codes entre cultures» — Communauté d'Églises en mission

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Cevaa - Communauté d'églises en mission

«Expliquer les codes entre cultures»

Le pasteur Espoir Adadzi, envoyé de la Cevaa à Genève pour deux ans, a eu l'occasion de détailler les particularités de son ministère au cours d'une rencontre organisée en janvier 2019 à Lausanne. Présent au sein de l'EPG pour nouer des liens avec des communautés chrétiennes genevoises issues de la migration, il travaille notamment à un guide pour célébrer ensemble.

La rencontre Brico Church avec Espoir Adadzi (à droite) © Labo Khi

 

Voilà plus d'un an que le pasteur Espoir Adadzi est arrivé en Suisse. Envoyé de la Cevaa et venu du Togo, présent pour deux ans pour exercer un ministère qui vise, comme il le dit lui-même, à «tisser des liens» ou «construire des ponts», il était l'invité le 17 janvier 2019 du «Labo Khi» pour un rendez-vous «Brico-church» - une rencontre dont vous pouvez trouver le résumé en vidéo ci-dessous.

Créé en Suisse durant l'été 2017, le projet «Brico-church» se présente comme un «atelier d'artisanat ecclésial» dont le but est «d'installer la créativité au sein de projets portés par des laïcs ou des ministres». C'est l'un des nombreux programmes portés par le «Labo Khi», né de la volonté de l'Église évangélique réformée du Canton de Vaud (membre de la Cevaa) d'engager un travail autour des défis liés à son avenir. Composé d'un noyau restreint de personnes, le «Labo Khi» travaille avec divers partenaires pour offrir aux paroisses, aux régions et aux autres lieux d'Église des outils, des ressources, des accompagnements qui visent à développer la présence de l'Évangile dans la société. Les deux dimensions principales de l'action du «Labo Khi» étant la recherche de nouvelles formes d'Églises et le développement d'outils permettant leur essor.

Des codes à décrypter

Pour aller plus loin :

Or le ministère d'Espoir Adadzi entre précisément dans cette dynamique. Pasteur de l'EEPT (Église Évangélique Presbytérienne du Togo), il a été envoyé en décembre 2017 par son Église auprès de l'EPG (Église Protestante de Genève) pour stimuler les relations avec différentes communautés chrétiennes locales, son temps étant réparti comme suit :

  • 80% du temps de son ministère au sein de l'EPG pour créer et mettre en œuvre des actions et rencontres pouvant permettre de construire des liens avec les communautés chrétiennes genevoises dont celles «issues de la migration» ;
  • 20% du temps de son ministère à partager l'expérience de l'EPG au niveau de la Conférence des Églises Romandes (CER) sous la direction de DM-échange et mission, le département missionnaire des Églises de Suisse romande.

Cet envoi a eu lieu dans le cadre du programme de partenariat et d'échange entre les Églises de la Cevaa dont font partie à la fois l'EEPT et l'EPG. Et actuellement, Espoir Adadzi travaille notamment à la création d’un guide pour célébrer ensemble. Il a pu constater par exemple l'importance des codes, et notamment des codes culturels, dans les relations entre Églises : des codes qui doivent être décryptés sous peine de produire des malentendus. «Je suis en train de retranscrire dans ce manuel quelques codes du nord, explique-t-il. J'ai introduit ce document par un code purement culturel : nous avons éduqué nos enfants en Afrique à ne pas regarder un aîné dans les yeux (...) C'est le signe du respect que nous avons à l'égard de nos parents. Mais ici en Europe, si tu ne regardes pas droit dans les yeux de la personne, c'est comme si tu cachais quelque chose...»

Mais au-delà de ces aspects purement cuturels, les différences concernent aussi les formes d'expression de la foi, la manière dont elle est vécue par chacun au niveau individuel et dans le cadre de l'Église : Espoir Adadzi a ainsi cité «la question de la vie spirituelle et des esprits» ; «la conception de la maladie : souvent, une maladie est vue en Afrique comme ayant une cause mystique ou spirituelle», ce qui est bien plus rarement le cas dans une culture européenne... Les comportements lors d'un culte diffèrent aussi : dans une Église issue de la migration, «parfois on prie à haute voix, on hausse le ton» ; alors que dans la culture européenne, lors d'une célébration, «c'est l'intériorité qui est mise en avant». Pour toutes ces raisons, a souligné Espoir Adadzi, «l'expérience de célébrer ensemble peut échouer». Pour qu'il y ait célébration commune, «il faut expliquer ces codes aux deux cultures». Avec cette idée et cette ambition : «il faut qu'on se comprenne, quand on est appelés à vivre ensemble».

 

Retrouvez ci-dessous la vidéo de cette rencontre «Brico-church» :

 

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