Sénégal, octobre 2014 : les enjeux de l'Assemblée Générale de la Cevaa — Communauté d'Églises en mission

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Sénégal, octobre 2014 : les enjeux de l'Assemblée Générale de la Cevaa

La semaine dernière, nous vous présentions un panorama du protestantisme au Sénégal, qui accueillera en octobre prochain l'Assemblée Générale de la Cevaa. Voici aujourd'hui un tableau des principaux enjeux de cette grande réunion, placée sous le thème « Familles, Évangile et Cultures » - le thème central de la nouvelle Action Commune qui sera lancée en octobre.
  Fiche d'Église : l'EPS
Fiche d'Église : l'ELS
Photo prise lors des célébrations des 40 ans de la Cevaa © Albert Huber

Une Assemblée générale de la Cevaa, comme celle qui se prépare pour octobre à Saly, au Sénégal, ce n’est pas une réunion de l’Onu ; plutôt une réunion de famille. Non pas des participants siégeant côte à côte, à l’instar de certaines organisations œcuméniques, mais une communauté de partage. La liste des membres illustre ces volontés différentes : 345 pour le Conseil Œcuménique des Églises (COE) ; dix fois moins pour la Cevaa, mais répartis sur 24 pays, avec la volonté affichée de garder des liens dans une communauté à taille humaine.

Comme dans toute réunion de famille, les thèmes abordés touchent d’abord à la vie communautaire. Saly verra la poursuite de la réflexion entamée en 2012 lors de l’AG de Torre Pellice, en Italie, sur les finances. « Nous ressentons le besoin de dégager plus d’énergie pour ce qui se vit ensemble », souligne le président de la Cevaa, Thierry Muhlbach. Et pour cela, de dépasser les règles actuelles d’attribution des fonds qui prévoient un pourcentage fixe pour « des projets individuels d’Églises, dans lesquels la dimension communautaire ne transparaît pas toujours ». Priorité donc aux Actions Communes, souligne Célestin Kiki, secrétaire général de la Cevaa, aux « projets réunissant plusieurs Églises, aux échanges, aux rencontres dans la communauté ». Si la Cevaa peut agir pour le développement, ce n’est pas sa vocation première, et elle peut le faire plutôt comme facilitateur, en favorisant les mises en réseau pour trouver des financements extérieurs.

Priorité aux projets réunissant plusieurs Églises

Photo prise lors des célébrations des 40 ans de la Cevaa © Albert Huber

Comme dans toute réunion de famille, il y a aussi des sujets difficiles. Aucune Église n’est à l’abri des tensions ou des débats qui traversent son pays. Le tout étant d’en parler sans s’enfermer dans des visions culturellement cloisonnées.

Une des priorités de cette Assemblée générale d’octobre sera le lancement de l’Action commune « Familles, Évangile et Cultures » – c’est-à-dire une réflexion menée conjointement au sein de toutes les Églises membres sur les enjeux liés au couple, au mariage, à l’homosexualité... Il y sera aussi question d’éthique et de déontologie – même si la thématique sera surtout à l’ordre du jour de l’AG 2016. « Les Églises du Nord seront plus sensibles à des questions de gouvernance et de gestion de l’argent », note Thierry Muhlbach. Celles du Sud seront plus pointilleuses sur des questions sociétales comme la famille. Il s’agira enfin de présenter la nouvelle brochure d’animation théologique de la Cevaa, et de tirer un bilan de la stratégie Jeunesse.

Comment pointer les problèmes sans stigmatiser ?

Photo prise lors des célébrations des 40 ans de la Cevaa © Albert Huber

Le dialogue par-delà les différences culturelles est un exercice d’autant plus délicat que les enjeux sont pertinents. Comment pointer les problèmes sans stigmatiser ? Apporter du soutien sans devenir partie prenante d’un conflit ?

Face à des Églises en crise patente, plutôt que la sanction, la Cevaa préfère l’interpellation fraternelle : elle l’a fait pour la FJKM et ses relations avec l’État malgache, pour l’Université protestante d’Afrique Centrale (UPAC) et ses besoins de réforme. Elle veut aussi faire évoluer les esprits. Sur les questions de gestion et de pouvoir, une série de séminaires d’animation théologique « Église et gouvernance » a été lancée ; elle s’achèvera en décembre par une dernière session dans la région Afrique australe/Océan indien. Le bilan qui en sera tiré nourrira la réflexion en vue de l’AG 2016. Face à des Églises en souffrance, la Cevaa peut apporter le soutien, en prières, mais aussi concret, de toute la communauté : elle l’a fait lors de sa visite à l’Église protestante Christ-Roi de Centrafrique, et en rouvrant un poste pastoral à Bangui.

Tel mal qui ronge une Église, une autre Église peut aider à le surmonter ; encore faut-il qu’elles puissent échanger. La Cevaa n’arrêtera pas les violences en Centrafrique, mais elle peut soutenir les Églises qui cherchent à panser les plaies. Elle ne résoudra pas les problèmes de santé publique en Afrique, mais elle peut aider les Églises impliquées dans des centres confessionnels de santé à mieux penser leur action. Elle n’arrêtera pas la marche de la sécularisation en Europe, mais peut aider les Églises à y être plus attractives. Dans tous ces domaines, la Cevaa agit. Face au risque du repli, la Cevaa porte le témoignage qu’une autre vie d’Église est possible.

Franck Lefebvre-Billiez

  La charte de la Cevaa : "Partager, agir, témoigner"  
  « La Cevaa est une Communauté d’Églises protestantes en Mission, créée en 1971 à Paris. Elle regroupe actuellement 35 Églises protestantes réparties dans 24 pays en Afrique, en Amérique Latine, en Europe, dans l’Océan Indien et dans le Pacifique.
  La Cevaa est créée à un moment de grande effervescence sur la scène du mouvement œcuménique et plus largement sur la scène sociale et politique dans le monde. C’est une époque de mutation. Les principes qui sont mis en œuvre avec la création de la Cevaa sont très largement l’unité de l’Église et la mission. La parole de Dieu est interprétée en tension avec les réalités des contextes particuliers et locaux. La pluralité des contextes implique une pluralité des expressions de foi et des théologies locales. L’Evangile rencontre et dialogue avec toutes les cultures. La foi chrétienne doit être repensée et reformulée de façon nouvelle dans le contexte de chaque culture humaine. La Cevaa se veut missionnaire de «partout vers partout». C’est le principe de la mission sans frontière. La mission s’intègre dans le projet de vie de l’Église, la mission c’est l’Église ! L’Église est le peuple de Dieu en marche, signe de la grâce de Dieu dans le monde et dans le contexte où elle se trouve. La mission est mission de Dieu. Elle est le mouvement qui va de Dieu lui-même vers le monde. La Cevaa est une communauté de vie internationale, favorisant le lien et la rencontre, l’échange et le partage, pour élaborer et mettre en oeuvre des stratégies missionnaires adaptées et efficaces. A la Cevaa, nous vivons la foi de façon plurielle en fonction des contextes et situations (...) »

 

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