Jonas, boursier Cevaa de l’Église protestante mäòhi (EPM), prépare son Doctorat de Théologie — Communauté d'Églises en mission

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Jonas, boursier Cevaa de l’Église protestante mäòhi (EPM), prépare son Doctorat de Théologie

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Jonas Taìmetua NAHEI est pasteur au sein de l’Église protestante mäòhi (EPM). Inscrit en première année en Doctorat de Théologie à la Faculté de théologie de Montpellier, il bénéficie d’une bourse de la Cevaa pour poursuivre sa formation en métropole. Sa réflexion et son engagement sont un réel atout pour l’ensemble de la Communauté. Il a répondu ici à nos questions, avec vivacité et clairvoyance.

IA ORA NA ! Je me présente NAHEI Taìmetua, Jonas, j’ai 39 ans et je suis originaire de l’île de Mooreà (Polynésie française). Je suis marié à madame PATI Cindy, Miriama, et de notre union, nous sommes parents de deux garçons prénommés Rautahi et Täuareva. Je suis pasteur au sein de l’Église protestante mäòhi (EPM) depuis trois ans maintenant, mais cela fait quinze années que je suis dans le ministère pastoral.

Depuis l’année dernière, et suite à la décision du synode de l’EPM (juillet 2019) je suis redevenu un étudiant. Actuellement, je suis inscrit en première année en Doctorat de Théologie à la Faculté de théologie de Montpellier.

Comment avez-vous connu la Cevaa ?
Je connais la Cevaa depuis que je suis entré à l’École pastorale d’Hermon en 2005. En effet, dans l’histoire de l’EPM et depuis la création de la Cevaa en 1971, l’EPM est un membre à part entière de la Cevaa. D’ailleurs, je me réjouis que deux pasteurs de l’EPM aient présidé la Communauté d’Églises en Mission.

Avec la Cevaa, j’ai pu aussi participer à quatre rencontres très enrichissantes et bénéfiques dont : la Formation des Animateurs Théologiques Nouvelle Génération qui s’est tenu au Bénin au mois de juin 2015 ; le Séminaire de l’Action Commune qui avait pour thématique « Familles, Evangile et Cultures dans un monde en mutation » et qui s’était tenu à Tahiti au mois de février 2017 ; l’accueil du Conseil exécutif de la Cevaa au mois d’avril 2018 ; et le Bilan du Séminaire de l’Action Commune qui s’est tenu à Kibuye-Rwanda au mois de juin 2018. Et depuis l’année dernière, je suis devenu encore plus proche du Bureau de la Cevaa, implanté sur le même site que la Faculté de théologie de Montpellier.

 

 

Comment êtes-vous devenu boursier de la Cevaa ?
Ma demande de bourse à la Cevaa fait suite à la volonté de l’EPM de préparer ses futurs cadres, afin que ces derniers puissent à leur tour former les futurs élèves pasteurs de l’École théologique et pastorale de Terereatau, et contribuer par la même occasion aux divers projets de l’EPM (animation pastorale, théologique, catéchétique, etc.). C’est ainsi qu’au début de l’année 2019, je suis devenu boursier de la Cevaa.

Quelles études avez-vous effectuées avant cela ?
Mon parcours universitaire résulte de mon itinéraire pastoral qui a débuté à l’École pastorale d’Hermon à Tahiti le 17 août 2005, c’est-à-dire cinq ans après l’obtention de mon baccalauréat technologique (option électrotechnique). Après avoir terminé mes quatre années de formation théologique et pastoral, avec comme couronnement la soutenance d’un mémoire portant sur le thème du rôle prophétique d’Amos, ainsi que la remise d’un Diplôma de Théologie reconnu par l’Association des Écoles Théologiques du Pacifique Sud (SPATS) le 25 juin 2009, le Synode de l’EPM prend la décision de m’envoyer en France afin que je poursuive des études universitaires en théologie protestante. C’est à l’université Marc Bloch de Strasbourg que j’effectue mes études théologiques au cours desquelles j’obtiens une Licence et un Master en Théologie Appliquée / Professionnelle. En 2015, je reviens au fenua (pays) pour faire mon proposanat sur l’île de Tahaa avec deux paroisses en charge, ainsi qu’un enseignement à donner à l’École pastorale et théologique de Terereatau. Lors du synode de l’EPM en 2017, je suis ordonné pasteur et nommé à la tête du Comité protestant de la jeunesse en tant que secrétaire général pour un mandat de deux années. Lors du synode annuel de 2019, l’EPM prend la décision de me renvoyer en France pour que je reprenne les études de théologie en vue de l’obtention du diplôme de Doctorat. Ceci dit, l’entrée en filière doctorale est soumise à l’obtention d’un Master Recherche ainsi qu’à l’approbation de la Commission des études doctorales et de la recherche de l’Institut protestant en théologie. C’est à la Faculté de théologie protestante de Montpellier que je poursuis cet objectif et que j’effectue une année supplémentaire en Master Recherche. Un objectif que j’ai atteint il y a de cela deux mois maintenant.

Sur quel sujet porte vos études en tant que boursier ?
Les sujets que j’ai choisis pour mes études sont basés sur des thématiques brûlantes, qui continuent d’ailleurs de provoquer de vives critiques et des tensions au sein de l’EPM. Ainsi, pour mon mémoire de Master Recherche, je me suis limité à poser des jalons pour une réflexion autour de la problématique des éléments de la Cène. Par exemple, peut-on célébrer la Cène avec autre chose que du pain et du vin lorsqu’on se trouve dans un peuple qui se sert d’autres aliments de base ? Comment la théologie et les Écritures interrogent-elles la pratique ? Et inversement, comment la pratique interroge-t-elle la théologie et les Écritures?

Concernant le titre provisoire de ma thèse de Doctorat, ma réflexion s’est portée sur la problématique du rôle qu’a l’Église, en tant qu’institution sociale, à jouer dans la société. J’étudierai et analyserai le cas particulier du « rôle prophétique » de l’EPM face aux enjeux et défis de la société polynésienne, et notamment par rapport au contexte des essais nucléaires français effectués à Moruroa et Fangataufa.

Qu’est-ce qui vous a marqué durant cette expérience ?
L’expérience que je retiens dans ce genre de parcours, c’est la diversité et la richesse des enseignements découlant d’autres cultures. En effet, le fait de côtoyer d’autres personnes avec chacun(e) leur propre mentalité et expérience nous apprend aussi à rester humble et d’être à leur écoute. Par le partage, on acquiert de nouvelles connaissances et pratiques, de nouveaux savoirs, autre que ce qu’on a l’habitude de voir et faire. C’est pour vous dire qu’on a jamais fini d’apprendre et/mais qu’on a toujours à s’enrichir les uns des autres.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre Église ?
L’histoire du protestantisme en Polynésie française, et plus particulièrement de l’Église protestante mäòhi, est le fruit d’un double héritage de la Mission : celui tout d’abord du courage, de la persévérance et de la foi des missionnaires protestants anglais de la London Missionnary Society (1797-1863), puis de ceux des missionnaires français de la Société des missions évangéliques de Paris (1863-1963). À partir de 1963, elle devient autonome et est dirigée par les pasteurs polynésiens. Mais bien qu’elle soit devenue autonome, il faut dire que l’EPM a toujours gardé un lien fort avec les missionnaires européens, grâce notamment à ses relations régionales (Conférence des Églises du Pacifique) et internationales (Conseil œcuménique des Églises, Communauté de la Mission, etc.). Et c’est ce rapport avec les autres qui a permis à l’EPM de relever un peu les défis sociétaux, à savoir : sa prise de position contre les essais nucléaires, son combat pour la reconnaissance de l’identité culturelle polynésienne, etc. L’EPM1 est pour moi, une Église différente voire à part des autres car c’est une Église engagée et soucieuse du bien et de la vie de la population. Du coup, elle se lève et à toujours quelque chose à dire et à proposer aux dirigeants politiques (État français, gouvernement local). Elle joue son « rôle prophétique ». Néanmoins et pour la plupart du temps, cette position de l’EPM fait qu’elle est aussi critiquée. D’où ma thèse sur le rôle prophétique d’une Église dans la société.

 

1. Je n’aime pas dire « mon Église » car l’Église est une institution qui ne m’appartient pas, même si je fais partie d’elle. Je préfère donc dire tout simplement l’EPM.

 

Propos receuillis par la Cevaa
Le 21/12/2020

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