Rencontre avec une boursière de la Cevaa : Selasoa Randriamahazaka — Communauté d'Églises en mission

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Rencontre avec une boursière de la Cevaa : Selasoa Randriamahazaka

L'octroi de bourses à des étudiants issus des Églises de la Communauté fait partie des activités de la Cevaa. Les domaines d'études concernés peuvent aller de la théologie à la médecine, des sciences de l’éducation à l'agriculture... Le but étant toujours de renforcer les capacités des Églises membres. Selasoa Randriamahazaka, pasteur de la FJKM à Madagascar, a ainsi reçu une bourse pour un projet de thèse sur l'histoire de son Église qu'elle mène en France sous la direction du professeur Gilles Vidal, de l'Institut Protestant de Théologie de Montpellier.

Quel a été votre parcours, et comment êtes-vous devenue boursière de la Cevaa ?

Selasoa Randriamahazaka, boursière de la Cevaa © DR

Je suis Selasoa Randriamahazaka, pasteur de l’Église de Jésus-Christ à Madagascar (Fiangonan'i Jesoa Kristy eto Madagasikara, ou FJKM). J'ai tout d'abord fait des études universitaires, filière Histoire. Après avoir obtenu le diplôme de maîtrise, je suis entrée en filière théologie ; puis j'ai exercé la mission pastorale au sein de la FJKM. Comme je suis enseignante d’Histoire au sein de la Faculté de Théologie Protestante de Madagascar, à titre vacataire, je devrais poursuivre mes études doctorales pour être titulaire et pour étoffer l’équipe enseignante. J’ai déjà commencé mes recherches l’année dernière, et je suis inscrite à l’Institut Protestant de Théologie à Montpellier. L’Église a demandé des bourses d’études, et je suis boursière de la Cevaa depuis le mois d’octobre 2017.

Quel est le thème de vos travaux ?

Je prépare une thèse sur l’histoire de l’Église à Madagascar au XIXème siècle, sur le thème : « Sola scriptura : crises et identité de l'Église : l’Église sans missionnaire à Madagascar de 1835 à 1861 ».Le XIXème siècle malgache est intéressant car il marque une affirmation de l’identité du royaume de l’Imerina centrale : le royaume Hova (caste roturière). C'est un siècle qui voit l'achèvement de l’unification du Royaume, d’où la proclamation de «Royaume de Madagascar» ; c'est aussi un siècle qui voit le développement des relations de l’île avec les pays étrangers, et une période d'évangélisation: arrivée massive des missionnaires étrangers, de différentes Missions. C'est enfin un siècle marqué par une suite de crises: économique, sociale, politique, morale et religieuse.

Quel est l'impact de ces crises sur l'Église malgache ?

Pour aller plus loin :

Les rapports de la royauté avec les missions étrangères varient selon le contexte de l’époque. Prenons l’époque de 1835 à 1861: une période de persécutions des chrétiens par une Reine, qui a régné de 1828 à 1861. L’année 1835 marque ainsi le début d’une persécution sanglante, qui commence par un discours royal interdisant le christianisme, surtout les pratiques du baptême et de la Sainte-Cène, le culte hebdomadaire et quotidien ainsi que l’Association. Puis intervient un ordre royal d’expulser les étrangers, plus particulièrement les missionnaires, sauf deux (Napoléon De Lastelle et Jean Laborde), qui semblent à la Reine favorables au développement qu’elle attend de l’Europe. Pourtant, alors même que les missionnaires ont été expulsés, la religion chrétienne connaît un certain développement. Malgré la cruauté des persécutions, et toutes sortes de tortures horrifiantes, la foi des chrétiens s’accroît. L’imprimerie de la Bible est achevée, le nombre des chrétiens grandit, une communauté est fondée, qu’on appelle Église.

Mais de quelle Église parle-t-on ? De quelle sorte de communauté s’agit-il ? Est-ce qu’il existe déjà une sorte de structure ? Quelle sorte de protestantisme prône-t-elle ? Peut-on vraiment parler d'un développement de l’Église malgache sans la présence, ou sans l’aide des étrangers ? Quel est le rôle de la culture, de la civilisation, des mentalités malgaches dans le fonctionnement de la communauté ? Y a-t-il eu rupture ou cohérence ? Quels étaient les éléments laissés par les missionnaires ? Comment vivait-on la Parole de Dieu à cette époque de persécutions ? Que signifiait être chrétien à l’époque : vis-à-vis de la royauté, des missionnaires et des compatriotes ? Existait-il une théologie de la souffrance ? Existait-il une confession propre aux martyrs ? Voilà quelques-unes des questions sur lesquelles je vais travailler...

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