Au-revoir Samuel — Communauté d'Églises en mission

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Cevaa - Communauté d'églises en mission

Au-revoir Samuel

Après douze années de bons et loyaux services passés à la Cevaa, le révérend docteur Samuel D. Johnson quitte son poste de Secrétaire Exécutif chargé du pôle Animations. Le temps d’une soirée, amis, proches et anciens collaborateurs se sont rassemblés autour d’un pot de l’amitié pour lui dire au revoir. Pour nous, il revient sur ce temps fort de sa carrière.

Qu’est ce qui t’a le plus changé durant ces douze années passées au service de la Communauté ?

Je suis un enseignant de formation, et c’est de là que je suis parti... Quand tu es en amphithéâtre, tu dispenses les cours, il y a une interaction mais c’est surtout un savoir que tu communiques.  Et cela m’a joué des tours à mes débuts à la Cevaa. En animation théologique, l’objectif consiste à rendre la parole au peuple du Dieu. Tous sont enseignants et enseignés. Or, à mes débuts, surtout lors des Assemblées Générales de 2008 et 2010, je n’avais pas retenu cet aspect-là. Chacun à quelque chose à dire, il n’y a pas de monopole de la connaissance. Il m’a fallu partager la parole. Ce principe, je l’ai appris à la Cevaa. On doit apprendre à rendre la parole au peuple car tout le monde a droit à la parole, hommes, femmes, enfants, riches, pauvres…. Tout le monde doit contribuer.

Cette expérience à la Cevaa aurait manqué à mon ministère si je ne l’avais pas eue. Ces 12 années, sur le plan personnel, m’ont également beaucoup apporté. Et j’espère avoir apporté aussi, mais cela, c’est l’histoire à venir qui nous le dira.

 

 

Le temps de la remise des cadeaux par les membres du Secrétariat – crédit : C. Richter

 

Si tu ne devais en retenir qu’une, quelle serait l’activité qui t’a le plus marqué à la Cevaa ?

Les séminaires AEBA, sans hésitation.

Quand je suis arrivé à la Cevaa, j’ai trouvé ce beau projet financé par Kerk in Actie (service diaconal des Eglises Protestantes des Pays-Bas). Pendant 10 ans, nous avons travaillé pour former les femmes au leadership. C’était fort pour moi, car les femmes sont celles qui donnent le plus, sur tous les plans.  Il y a cette expression qui peut choquer certains mais je n’ai pas peur de la reprendre ici : « les femmes sont les mamelles de l’église ». Elles nourrissent les pasteurs, grâce à leur travail et aux produits des champs, et assurent le ravitaillement. Sans elles, rien ne serait possible. Nous avons donc essayé de former les femmes à comprendre que dès le commencement, Dieu a créé l’homme et la femme égaux, et partenaires. Quand on étudie la Bible, on trouve deux textes de la création. De ces deux récits, l’Église dominée par les hommes, n’a choisi de retenir que le texte de la femme créée à partir de l’homme.
Nous expliquions donc que le mot hébreu utilisé dans la Genèse (Tsela   (צלע qui est traduit par  « côte » (v21 et 22) – est utilisé 42 fois dans la Bible, et nulle part ailleurs ce terme est traduit par «côte».  Ailleurs il est traduit « côté » c’est-à-dire l’autre versant ou l’autre partie d’un ensemble (Ex. 26, 20 ; 1 Rois 6, 34) ou encore « à côté de » (Job 18,12).

Au regard de ce qui précède, l’on peut faire cette lecture : la femme n’a pas été prise de la côte de l’homme, mais plutôt créée à côté de lui, comme son vis-à-vis.

 

 

Samuel et le pasteur Michel Bertrand, prédicateur de la soirée d’aurevoir- crédit : C. Richter

 

Moi, je ne peux pas croire que Dieu qui crée veut absolument que la femme soit soumise. Et c’est source d’une grande joie pour moi de leur faire comprendre qu’elles ont une place devant Dieu et pas uniquement dans l’Église. Elles ont été créées à côté de l’homme et pas de la côte de ce dernier. Cela change tout.  Ces séminaires m’ont apporté beaucoup de plaisir. Comprendre que la Bible n’est pas contre elles mais avec elles a permis une véritable révolution, visible immédiatement. Il y avait un avant/après séminaire AEBA.

 

Demain pour toi, ce sera quoi ?

Ce dont j’ai envie maintenant, c’est de rentrer chez moi et d’enseigner. A cheval entre la France et le Cameroun dans un premier temps peut être.

 

Le Rév. Dr. Samuel D. Johnson entouré de sa femme et de deux de ses filles – crédit : C.Richter

 

Que souhaites-tu à la Cevaa ?

Deux choses. D’abord, qu’elle reste une communauté et poursuive sa prise de parole. Elle a beaucoup à nous dire. Qu’elle continue à jouer ce rôle central qu’elle a. Sa particularité, ce n’est pas seulement d’être une communauté d’Églises mais c’est la rencontre de différentes visions, avec parfois des étincelles et des tensions mais je crois qu’il n’y a rien de mieux. On croise parfois le fer un peu violemment, on s’oppose surtout sur les questions culturelles, mais honnêtement, je n’ai pas encore vu mieux que la Cevaa. Une communauté où quel que soit le poids financier ou numérique, les décisions sont prises à la majorité, où toutes les églises membres sont représentées par le même nombre de délégués, c’est très rare. Il n ‘y pas de droit de veto pour les puissants, tout le monde est au même niveau.
Si les églises fortes avaient voulu, elles auraient pu le faire. Et je souhaite rendre hommage aux pères fondateurs, aux responsables de la SMEP (Société des Missions Evangéliques de Paris) qui ont décidé de laisser leur pouvoir pour que la Cevaa soit créée. Cette décision était très courageuse, elle était au service de la communauté. Il ne faut pas perdre cette utopie, et continuer à donner de la valeur à tous.

Ensuite, je tiens à dire qu’en tant qu’Africain, je souhaite aussi que les Eglises d’Afrique fassent un peu plus. Nous sommes passés du modèle des relations déséquilibrées entre la société missionnaire qui dominait les Eglises nées dans les champs de mission à celui d’une communauté d’action et de partage où tout le monde est égal. Malheureusement ce changement de statut des Eglises africaines semble n’être que théorique, dans la mesure où elles continuent à attendre des Églises d‘Europe. Pourtant, certaines Eglises d’Afrique sont parfois mieux nanties. Elles peuvent faire plus, certaines le peuvent, j’en suis certain. C’est mon souhait, que les Églises sortent de cette mentalité selon laquelle l’Europe devrait toujours aider l’Afrique.

 

Un mot pour finir ?

Je suis arrivé au bout de mon voyage ici, je l’ai fait à ma manière, avec ce que j’avais.
J’ai donné le meilleur de moi-même. On ne peut pas plaire à tout le monde mais si je n’avais voulu me faire que des amis, je n’aurais pas pleinement joué mon rôle au sein de la Cevaa.

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