Protestantisme global, fondements et évolutions — Communauté d'Églises en mission

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Cevaa - Communauté d'églises en mission

Protestantisme global, fondements et évolutions

L'un des grands défis de la Mission aujourd'hui est d'adapter les manières de témoigner à un monde en mutation. Voilà pourquoi la Mission a besoin de lieux de débats et d'espaces de réflexion. C'est le rôle que joue depuis 1981 la revue "Perspectives missionnaires". Elle est actuellement gérée par une association indépendante et s'appuie sur plusieurs organismes de mission de Suisse et de France, et depuis fin 2017 sur la Cevaa. Son numéro 75, qui vient de paraître, se fait l’écho du Forum international R500 qui s'est tenu en juin 2017 à Montmirail (Suisse). Présentation du projet par le pasteur Michel Durussel, coordinateur de Terre Nouvelle pour l’Église évangélique réformée vaudoise.
Photographie des Globes de Coronelli prise au Grand Palais (Paris) le 22 septembre 2005 © Wikimedia Commons

Sous nos latitudes, le jubilé des 500 ans de la Réforme a fait la part belle à la façon dont cet héritage a été reçu et réévalué au cours des siècles dans le monde occidental. Il s'est peu intéressé à ce qui s’est passé dans d’autres contextes géographiques et culturels. Or la manière protestante d’être chrétien s’est implantée dans des contrées bien éloignées de l’Europe, notamment grâce à des sociétés de mission qui se sont développées dès le XIXe siècle. Ainsi le christianisme repensé par les réformateurs au XVIe siècle est-il devenu un véritable «enfant du monde».

Aujourd’hui, après maints réaménagements et réinterprétations, les Églises d’appellation protestante forment un véritable kaléidoscope. Le protestantisme, dans ses diverses expressions, a fécondé de multiples peuples et cultures, mais il a aussi joué le jeu de la division des Églises et il a parfois malmené les sociétés dans leur rapport à leur culture traditionnelle.

Alors que la vieille Europe commémore le geste symbolique initiateur de Luther et s’interroge sur son histoire confessionnelle, elle se doit d’élargir son regard. Le réseau missionnaire est un excellent réseau pour révéler ces « portraits de famille » et pour mener une réflexion sur l’héritage et la pertinence des protestantismes actuels à l'échelle mondiale.

Fortes de cette conviction, les commissions de la Cevaa en Suisse, de l’Action chrétienne en Orient (ACO) ainsi que la commission de missiologie de DM-échange et mission ont ouvert leur album de famille en donnant la parole à des représentants d’ Églises qui, de par le monde, sont liées au mouvement réformateur du XVIe siècle. Elles l’ont fait lors d’un Forum international qui s’est tenu du 6 au 8 juin 2017 à Montmirail près du lac de Neuchâtel, un lieu où se croisent appartenance réformée, inspiration piétiste et recherche de nouvelles formes d’expression et de témoignage chrétiens crédibles (lire l'histoire de Montmirail ici).

Déroulement du Forum international Réforme 500

Pour aller plus loin :

Retrouvez les archives de "Perspectives missionnaires" sur le site de l'AFOM (Association francophone oecuménique de missiologie) en cliquant sur l'image ci-dessus. Et retrouvez ci-dessous les anciens numéros :
N° 74 – Missionnaires en musique
N° 73 – Témoignage et diaconie
N° 72 – Famille, conjugalité, témoignage
N° 71 – Églises et culture émergente
N° 70 – Ensemble vers la vie, Nouvelles pistes pour la mission
N° 69 – Héritiers et témoins d’une terre promise
N° 68 – Se former à la mission ?
N° 67 – Œcuménisme et mission en Europe
N° 66 – Relire David Bosh
N° 65 – Afrique en mission
N° 64 – Bible et traduction en mission
N° 63 – Prier dans un contexte interreligieux ?
N° 62 – La planète évangélique
N° 61 – Divers articles
N° 60 – Dossier Édimbourg – Cape Town 2010
N° 59 – Dossier Afrique du sud
N° 58 – La Mission : entre altérité et identité
N° 57 – Dossier Mission et communication
N° 56 – Dossier Madagascar
N° 55 – Mission en Europe
N° 54 – Christianisme en zones interdites
N° 53 – Économie et foi

Rassembler une douzaine d'intervenants d'Afrique, du Pacifique, de l'Océan Indien, du Moyen-Orient et d'Amérique centrale était un beau défi. Voir chacun-e arriver avec sa singularité, fraterniser, nouer échanges et interactions, était une belle expérience.

Les matinées de conférences et de partage se sont déroulées autour de quelques enjeux décisifs :

  • La diversité protestante est-elle un fait, une fatalité, une chance, une force ou une faiblesse ? Les intervenants devaient caractériser la forme de protestantisme que revêt leur Église au sein du monde protestant en en faisant ressortir les traits principaux et les différents courants. Les questions suivantes guidaient leur réflexion : comment votre Église se situe-t-elle par rapport à la Réforme ? Ressentez-vous dans votre contexte une tendance à un post-dénominationnalisme ? Comment les différents courants théologiques ou spirituels cohabitent-ils dans votre Église ? Sous la conduite de Michel Kocher, les débats ont fait apparaître la nécessité de cette diversité, la vie étant elle-même d'une diversité irréductible. Celle-ci correspond également à la nature de la révélation biblique, ainsi qu'à la multiplicité des contextes dans lesquels elle se donne à connaître ; les discussions ont fait apparaître une aspiration à dépasser cette diversité en prenant du recul dans l’échange et le partage des convictions.
  • Entre dialogue œcuménique ou interreligieux, évangélisation, prosélytisme, recherche d'un vivre ensemble, quelle est la mission de l’ Église ? Les contributeurs ont témoigné de la façon dont leur Église se positionnait dans cette problématique : se considère-t-elle d’abord comme chrétienne ou comme protestante ? Comment s'y vit l’œcuménisme, la recherche de communion entre Églises ? A-t-elle une approche œcuménique ou dénominationnelle de la relation avec les autres religions ? Comment surmonter la tension entre volonté d’évangéliser et nécessité du dialogue interreligieux ? Comment articuler appartenance à une communauté de foi et vivre ensemble avec d'autres courants religieux ? Les débats conduits par Gilles Bourquin ont fait ressortir la difficile situation de l'homme devant Dieu, entre particularisme et universalisme, entre le besoin d’affirmer son identité et sa foi et le désir d’ouverture et de compréhension de l’autre. Cette tension se retrouve dans toutes les dénominations et les lignes de fracture parcourent l’ensemble des Églises et des courants religieux.

Pourquoi être protestant hier, aujourd’hui et demain ? Quelle voix singulière et irremplaçable le protestantisme fait-il entendre dans le concert des convictions religieuses ? Plusieurs apports ont abordé le thème de la contribution des divers protestantismes représentés au développement de la société. Quelques questions balisaient le terrain à explorer : comment le protestantisme est-il considéré dans votre pays ? En quoi a-t-il fait évoluer la société ou les mentalités ? Quels apports trouvez-vous constructifs ? Lesquels vous paraissent plus négatifs ou problématiques ? Les discussions qui ont suivi, sous la présidence de Michel Durussel, ont tenté de mettre en évidence la contribution que le protestantisme peut apporter au monde d’aujourd’hui : il engage à penser le changement, la transformation ; il incite à un regard bienveillant sur l’autre, au respect de la différence ; contre une vision totalitaire de la foi, il prône une culture de la rencontre et de la mise en dialogue ; pour relever les défis présents, il peut s’appuyer sur une culture de la protestation.

Michel Durussel

Retrouvez ci-dessous le sommaire de ce numéro 75 de Perspectives missionnaires, qui reprend les contributions des participants à ce forum :

 

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