Centrafrique : « Vérité et réconciliation », les mots d'ordre de la visite à Bangui — Communauté d'Églises en mission

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Centrafrique : « Vérité et réconciliation », les mots d'ordre de la visite à Bangui

Réunion de travail à l’Eglise protestante du Christ roi (de gauche à droite : Ferdinand Bombayaké, ex-général et président du Conseil presbytéral ; Jean-Arnold de Clermont, président du Défap ; Jean Séréfio, pasteur de l’EPCR ; le secrétaire d’église) © C

La délégation Défap-Cevaa-Ceta a entamé ses premières rencontres à la Faculté de théologie évangélique de Bangui. Afin de transmettre toute l’essence de son message de solidarité et d’apaisement, elle s'est entretenue avec cinq représentants de la communauté musulmane de Bangui, deux des églises protestantes et l’abbé Jésus, vicaire général de la capitale.

Ce dossier est constitué en partenariat avec la revue "Signes des Temps".

 

 

Réunion de travail à l’Eglise protestante du Christ roi (de gauche à droite : Ferdinand Bombayaké, ex-général et président du Conseil presbytéral ; Jean-Arnold de Clermont, président du Défap ; Jean Séréfio, pasteur de l’EPCR ; le secrétaire d’église) © Claire Bernole pour Défap

Ils sont quatre et constituent l’une des rares délégations – depuis les funestes événements qui ont secoué le pays – à s’être déplacée en République centrafricaine pour manifester la solidarité des chrétiens de France avec leurs frères et sœurs d’Afrique. Les pasteurs Thierry Muhlbach – président de la Cevaa – Célestin Kiki – qui en est le secrétaire général – Jean-Arnold de Clermont – président du Défap – et Simon Kossi Dossou – président du Ceta – la composent.

L’état d’esprit dans lequel s’est déroulée leur première journée de visite, mercredi 2 avril, pourrait se résumer en ces termes : « Vérité et réconciliation ». Un mot d’ordre qui a d’abord été celui de Nelson Mandela, et dont les Centrafricains mesurent aujourd’hui toute la nécessité – la difficulté aussi… Nul besoin d’autre raison pour venir apporter soutien et encouragements à tous les chrétiens, à tous les croyants, à tous ceux qui en ont besoin.

C’est animé de ce désir de partage que les membres de la délégation ont rencontré à la Faculté de théologie évangélique de Bangui les pasteurs Franco Mbaye-Bondoï, secrétaire général de l’AEC ; Philippe Sing-Na, membre du Comité de crise fondé par l’AEC ; et Clotaire Rodonne Sirisi, de l’AEC. Tous ont insisté sur l’importance du culte qui s’est déroulé dimanche 29 mars. Culte qui a réuni catholiques et protestants, auxquels se sont joints des musulmans. La foule comptait dans ses rangs des membres de la Selaka ainsi que des anti-balakas. Preuve, s’il en est, que le conflit est loin de se réduire à des questions religieuses.

Justice terrestre et guérison spirituelle

Cette rencontre s’est prolongée, en fin de matinée, par la visite du Centre pour la jeunesse et établissements associés. La volonté étant de donner toute sa place dans ces démarches pour la paix aux jeunes, qui constituent 42 % de la population (0-14 ans). Avec les femmes, ils sont les forces vives du pays sur qui repose en large partie l’effort de (re)construction nationale.

Afin de transmettre toute l’essence de son message de solidarité et d’apaisement, la délégation a rencontré simultanément cinq représentants de la communauté musulmane de Bangui, deux des églises protestantes et l’abbé Jésus, vicaire général de la capitale. L’occasion d’entendre unanimement ces voix s’élever en faveur de la paix. Questionnés sur ce qu’ils attendaient en termes d’aide de la part de la communauté internationale par Jean-Arnold de Clermont, les participants ont presque tous pris la parole. L’imam Youssouf Abdelmadjis Naminguina a notamment plaidé afin que tout soit mis en œuvre pour que cesse la confusion, dans l’esprit de la population, entre Seleka et musulmans. L’imam Ismaël Bezo* a rappelé, quant à lui, à quel point une intervention était attendue pour protéger les fidèles, de même qu’une action des chrétiens – majoritaires dans le pays – en faveur de leur sécurité. Enfin, la question des frontières avec le Tchad et le Soudan, d’où proviennent nombre de mercenaires venus grossir les rangs de la Seleka, a été soulevée par l’abbé Jésus. Ce dernier a en outre tenu à spécifier qu’en aucun cas l’Eglise, en tant qu’institution, ne soutenait les anti-balakas – même si l’on sait que certains responsables « se sont laissés aller », selon ses termes. Enfin, la nécessité d’un soutien financier (les fonctionnaires ont cessé le travail parce qu’ils ne sont plus payés, par exemple), d’une aide humanitaire qui atteigne les provinces les plus rurales et d’une prise en charge générale de la santé de la population a été soulignée par Franco Mbaye-Bondoï.

Temps fort pour les chrétiens – mais aussi pour une musulmane, présente à cette réunion – à l’Eglise du Christ roi, l’enseignement biblique de Simon Kissi Dossou est venu clôturer la journée par un moment consacré à la gestion des traumatismes. Pour que les victimes d’aujourd’hui ne soient pas les bourreaux de demain, justice terrestre et guérison spirituelle seront indispensables.

Claire Bernole,
pour le Défap et la Cevaa, en collaboration avec Signes des Temps

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