L'appel à l'apaisement des Eglises du Togo — Communauté d'Églises en mission

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L'appel à l'apaisement des Eglises du Togo

Sur fond de tensions politiques croissantes et de manifestations appelant au départ du président Faure Gnassingbé, les Eglises se mobilisent pour favoriser le dialogue. A la suite des catholiques, l’EEPT (Eglise Evangélique Presbytérienne du Togo) et l’EMT (Eglise Méthodiste du Togo), toutes deux membres de la Cevaa, viennent de diffuser une déclaration commune.

FICHE PAYS
Le point sur le Togo

>> L'interview de l’archevêque de Lomé, Mgr Denis Amuzu-Dzakpah <<

La déclaration commune diffusée par l'EEPT et l'EMT

La déclaration dont le texte suit a été diffusée le lundi 2 octobre, alors que l'opposition togolaise mobilise ses partisans depuis plusieurs semaines. Après une série de manifestations en août et septembre, un nouvel appel à descendre dans la rue a été lancé pour les 4 et 5 octobre, afin de demander notamment une limitation rétroactive du nombre des mandats présidentiels. Selon les opposants, la manifestation de mercredi sera un « ultime avertissement » pour le président Faure Gnassingbé avant la "marche" annoncée le lendemain.

Le président, qui est arrivé à la tête du pays en 2005 après la mort de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, en est à son troisième mandat. Il a été réélu à deux reprises en 2010 et en 2015 lors de scrutins contestés par l'opposition. Entretemps, la Constitution adoptée en 1992, qui prévoyait un maximum de deux mandats présidentiels, a été modifiée à plusieurs reprises.

Début septembre, le gouvernement a soumis au Parlement un projet de réforme constitutionnelle prévoyant notamment la limitation à deux mandats présidentiels. Mais l'opposition a refusé de prendre part au vote, dénonçant un texte non rétroactif, et qui permettrait au président de briguer à nouveau deux mandats à partir de 2020. Approuvé par les seuls députés du parti présidentiel, le texte doit désormais être soumis au peuple togolais par la voie d’un référendum. Ce que refuse l’opposition qui réclame un retour pur et simple à la Constitution de 1992.

Face à cette tension croissante, la Conférence des évêques du Togo a diffusé une déclaration officielle demandant au gouvernement de lancer « les réformes demandées par le peuple ». L’archevêque de Lomé, Mgr Denis Amuzu-Dzakpah, se dit prêt à jouer le rôle de médiateur, dans un entretien diffusé par La Croix (lire l'article). L’EEPT (Eglise Evangélique Presbytérienne du Togo) et l’EMT (Eglise Méthodiste du Togo), toutes deux membres de la Cevaa, diffusent à leur tour une déclaration pour « apporter leur soutien à l’offre de médiation faite par l’Eglise catholique du Togo. »

DÉCLARATION PASTORALE DE L’ÉGLISE PRESBYTÉRIENNE DU TOGO ET DE L’ÉGLISE MÉTHODISTE DU TOGO

Histoire récente du Togo

27 avril 1960 - Indépendance du Togo.
13 janvier 1967 - 4 ans jour pour jour après l'assassinat du Président Olympio, un coup d'Etat militaire provoque la chute du Président Grunitzky au profit du colonel Eyadéma (promu général en décembre) qui devient Président de la République en avril.
21 décembre 1986 - Le général Eyadema est réélu pour 7 ans à la présidence de la République, avec 99.95% des suffrages.
décembre 1991 - Formation d'un Groupe d'union nationale du Togo.
22 février 1997 - Mise en place de la Cour constitutionnelle du Togo.
7 juillet 1999 - Signature d'un accord de paix entre les belligérants sierra-léonais à Lomé.
27 juillet 1999 - Fin de la crise politique qui affecte le pays depuis le début des années 1990, suite à la signature d'un accord entre partis présidentiel et d'opposition.
30 décembre 2003 - Révision constitutionnelle qui permet au président d'être rééligible sans limitation du nombre de mandats (G. Eyadéma est à la tête de l'Etat depuis 1967).
1er janvier 2003 - G. Eyadéma remporte les élections présidentielles avec 59% des suffrages exprimés.
5 février 2005 - Le décès de G. Eyadéma ouvre une crise politique et institutionnelle, marquée par l'arrivée au pouvoir de son fils Faure Gnassingbe.
24 avril 2005 - Élection de F. Gnassingbé à la Présidence de la République dans des circonstances troublées.
juin 2005 - Un gouvernement d'ouverture dirigé par Edem Kodjo, membre de l'opposition modérée, engage la reprise du dialogue national, notamment sur le cadre électoral et l'organisation d'élections législatives transparentes.
16 août 2006 - Signature d'un accord politique global (APG) par l'ensemble des partis.
février 2010 - Élection présidentielle : Faure Gnassingbé est réélu avec 61% des voix.
juillet 2013 - Élections législatives. Le parti au pouvoir, l'Union pour la République (UNIR), obtient la majorité absolue avec 62 des 91 sièges du Parlement.
avril 2015 - Élection présidentielle : Faure Gnassingbé est réélu avec 58,77% des voix, lors d'un scrutin une nouvelle fois contesté par l'opposition.

 

 

Aux communautés évangéliques presbytériennes et méthodistes du Togo, à toutes les Togolaises et à tous les Togolais, que la Grâce et la Paix vous soient données (1héssaloniciens, 1.1)!

 

 

 

Chers compatriotes,

Chères sœurs, chers frères en Christ,

Comme nous le savons tous, l’actualité sociopolitique s’est largement détériorée depuis le 19 août 2017, suite d’une part aux manifestations organisées par les partis d’opposition pour réclamer le retour à la constitution originelle d’octobre 1992 et d’autre part aux « marches pour la paix » initiées par le parti au pouvoir. De nombreux actes de violence ont eu lieu, occasionnant de graves blessures, et la mort inutile de nombreuses personnes dont un enfant de 9 ans.

Devant une telle situation, les deux Églises sœurs, l’Église Évangélique Presbytérienne du Togo (EEPT) et l’Église Méthodiste du Togo (EMT), fidèles à leur engagement prophétique, ne peuvent point rester indifférentes ni impassibles. Elles voudraient, encore une fois, alerter non seulement les acteurs politiques de tous bords, le peuple togolais, mais aussi le monde œcuménique et la communauté internationale sur les risques réels d’explosion qui se profilent devant nous. Elles appellent les protagonistes de la crise à investir leurs efforts dans la recherche de tous les moyens susceptibles de permettre de sortir de la situation actuelle, dans une démarche de franchise, de sincérité et d’amour pour la Patrie, et sur la base de l’Accord Politique Global (APG) et des recommandations de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation(CVJR).

Fidèles au contenu de leurs lettres pastorales du 30 juin 2017 et du 23 août 2017, et attachées aux vertus de vérité et de justice mais aussi de repentance, de pardon, de réconciliation et de Paix, l’EEPT et l’EMT voudraient solennellement apporter leur soutien à l’offre de médiation faite par l’Eglise catholique du Togo, à travers la récente interview de Monseigneur Dénis Amuzu-Dzakpa, Archevêque de l’archidiocèse de Lomé au journal catholique La Croix.

Chers frères et sœurs, conjuguons tous ensemble nos efforts, chacun et chacune en ce qui le/la concerne et où qu’il/elle se trouve, pour trouver une solution durable à la situation de crise dans laquelle notre pays s’enfonce de jour en jour et dont les conséquences pourraient s’avérer incontrôlables pour nous tous.

Chers frères et sœurs, quelles que soient les épreuves, gardez haut votre espérance, car notre Seigneur a dit : « ...Vous aurez des tribulations dans le monde; mais prenez courage, j'ai vaincu le monde. » Jean 16 :33

Que l’Eternel bénisse et protège notre cher pays, le Togo.

 

 

Fait à Lomé, le 02 octobre 2017

Le Modérateur de l’Église Évangélique 
Presbytérienne du Togo
Pasteur Sename Mensa AVINOU

La Présidente de l’Église Méthodiste du Togo

Rév. Pasteur Martine Grâce ZINSOU-LAWSON

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