Une route pour dire l’indicible — Communauté d'Églises en mission

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Une route pour dire l’indicible

Ouidah, Whydah, Juida ou encore Ajudá, 4 prononciations différentes pour un même destin : l’exil, la servitude et la mort. Située à une quarantaine de kilomètres de Cotonou, cette ville fut, au XVIIIème, l'un des principaux centres de vente et d'embarquement d'esclaves dans le cadre de la traite occidentale. Les membres du conseil exécutif de la Cevaa ont profité de leur séjour au Bénin, fin avril, pour découvrir la ville, point de départ de la route des esclaves. Cette visite a marqué la fin d’une semaine de travail intense et restera ancrée dans les mémoires comme un des moments fort du week-end.

Le départ, tôt le matin, s’est fait dans une ambiance joyeuse et décontractée. L’heure séparant Cotonou de Ouidah nous a permis d’observer la vie foisonnante et parfois surprenante qui sillonne les routes.

 

 

 

Arrivés à Ouidah sous une chaleur écrasante, nous sommes accueillis par Juste, notre guide pour la journée. La découverte de la route des esclaves débute sur la place centrale, la Place aux enchères, où les esclaves étaient rassemblés et marqués au fer afin d’y être vendus. Le silence s’est installé progressivement parmi nous, laissant pour certains leur imagination entendre le bruit des hommes et des chaînes.

 

 

Juste nous raconte
Le « commerce » se faisait alors sous le contrôle d'un grand dignitaire de l'État, le yovogan, littéralement chef des Blancs, qui constituait l'interface commerciale entre les négriers européens et l'état négrier d’Abomey. Dans ce royaume relativement centralisé mis en place par le roi Agadja d’Agbomin (1708-1740), la traite négrière fut érigée en monopole royal par le roi Kpengla (1774-1789) et alimentée par de périodiques razzias aux marges du royaume.

Les esclaves parcouraient les quelques kilomètres qui les séparaient de la plage, et du départ vers leur nouveau-monde, enchaînés les uns aux autres. Cette route, désormais jalonnée de statues présentant symboliquement les différents rois, nous raconte l’inimaginable. Elle questionne : comment penser la différence et la vie ? Le semblable et le dissemblable ?

 

Les vestiges de l’organisation

Ouidah constituant l'un des principaux ports d'exportation d'esclaves, plusieurs pays européens étaient organisés sur place, disposant de forts spécifiques : français, anglais, danois, hollandais et portugais. Seul existe encore ce dernier, désormais ouvert au public sous forme de musée.

 

 

 

 

La mort par étapes

Nous croisons sur notre route l'Arbre de l'oubli, ainsi nommé du fait d'un rituel au cours duquel les esclaves tournaient autour d'un arbre pour oublier leurs origines et garantir leur servilité. Puis vient l'Arbre du retour, planté par le roi du Dahomey et garantissant le retour des âmes des captifs après leur mort. Et enfin le Mémorial du souvenir, érigée sur la fosse commune des captifs morts avant la déportation. Un moment de recueillement, comme pour accueillir ensemble ces pensées que nous portons vers ceux qui ont souffert ici.

 

 

Quitter sa terre et laisser son âme

Erigée au niveau de symbole mondial de l'arrachement des captifs africains à leur terre, et de leur déportement vers les colonies d'outre-mer, Ouidah a bénéficié du soutien de l'UNESCO pour la création en 1995 de la "Porte du non retour". Un monument imposant faisant désormais figure de lieu de mémoire primordial.

 

 

Ouidah, lieu de mémoire collective, lieu d'une blessure intime mais aussi haut lieu du vaudou. Nous avons conclu cette journée par la visite du temple du python, un animal sacré dont le culte se pratique assidûment, avant de rejoindre un restaurant sympathique où nous avons pu échanger dans une étrange douceur les sentiments nés du parcours de ce chemin.

 

 

 

 

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