Forum international R500 : au cœur du projet Cevaa — Communauté d'Églises en mission

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Forum international R500 : au cœur du projet Cevaa

En cette année du 500ème anniversaire de la Réforme, la Cevaa et l’Action chrétienne en Orient (ACO) ont organisé trois jours de débats et de rencontres, du 6 au 8 juin dernier, à Montmirail (en Suisse). L’occasion pour tous les participants de repenser les racines du protestantisme, d’analyser la situation actuelle dans différents pays du monde et de se projeter dans un avenir aux enjeux multiples.

Pour les organisateurs du forum, « le protestantisme à travers le monde est un véritable kaléidoscope ». C’est donc avec une dizaine de théologiens venus d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Europe, de l’Océan Indien et d’Océanie, que le colloque a tenu une réflexion sur l’héritage et la pertinence des protestantismes actuels. Qu’est ce que le protestantisme ? Quelles relations entretient-il avec les autres religions ? En quoi le protestantisme a nourri la vie de ses membres, quel que soit le continent dans lequel ils se trouvent ? Voilà autant de questions qui ont orienté la réflexion qui constitue la contribution de ce projet au Jubilé de la Réformation.


 

 

Mouvement de protestation

La première partie de ce Forum a permis de rappeler l’essence même du mot « Protestantisme ». Dans protestantisme, il y a  bel et bien le verbe « protester ».
Mais il y a plusieurs lectures de cette protestation, évolutive selon les époques et les contextes.

Au 16ème siècle, il s’agissait de réagir contre la structure de l’Eglise, son autoritarisme centralisateur, sa manière d’utiliser la peur de la mort et de l’enfer.
Au 17ème siècle, c’est le piétisme qui questionne un protestantisme dogmatique. Puis au siècle suivant, des théologiens protestants essaient de créer des ponts entre les recherches universitaires et l’interprétation des Ecritures.

D’une manière générale, l’idée est de protester contre toute pensée chrétienne qui stagne, qui n’est pas repensée en interaction avec le monde, à la lumière de la Bible. Ainsi, en 2004, la Communion mondiale des Eglises réformées s’est élevée contre l’économie hyperlibérale. Aujourd’hui, c’est la place de la femme dans l’Eglise réformée qui est au centre de leurs débats.

Les Eglises jouent un rôle économique et social majeur qui est aussi une sorte de protestation. Dans les « pays de mission », elles luttent contre l’analphabétisme, la corruption, la domination du masculin, la pauvreté. En Europe, elles cherchent les voies d’une économie juste, locale, équitable.

Depuis Martin Luther et l’affichage de ses 95 thèses, le geste de protestation est la marque de toute Eglise qui se veut héritière des réformateurs.

 

Libérateur pour les Eglises issues des missionnaires

Alors que l’Europe fête cette année les 500 ans de la Réforme. Le Forum R500 était aussi l’occasion de (re)découvrir les nombreuses familles issues du geste premier du 16e siècle. Les apports des intervenant-e-s issu-e-s de diverses Eglises protestantes à travers le monde furent l’occasion de réfléchir, de s’interroger et de partager ensemble, de manière interculturelle.

Au Mexique, le pasteur Dan Gonzales Ortega, professeur de théologie, s’élève contre le fondamentalisme des Eglises protestantes d’Amérique centrale révélé lors de son excommunication quand il a consacré une femme pasteure (pourtant démocratiquement élue). Il proteste contre le conservatisme et propose la prière comme chemin de transformation de soi-même et de son environnement.

 

 

Au Bénin où elle exerce, la pasteure méthodiste Fifamé Fidèle Houssou-Gandonou rappelle que les Eglises protestantes jouent un rôle très important au niveau social, éducatif et agricole. En effet, l’héritage des missionnaires est à la fois spirituel et temporel. Le Jubilé de la Réformation est l’occasion de réfléchir sur l’émergence de la tradition chrétienne dans les pays d’Afrique, les conditions d’établissement des valeurs protestantes et les grands thèmes qui la caractérisent. Un moyen aussi de mieux comprendre les différences entre Eglises des différents pays.

Au Cameroun, le pasteur baptiste Pierre Nsecke explique la place des guérisseurs. « Ils s’intéressaient au corps tout autant qu’à l’âme », et cela a amené les pasteurs missionnaires à connaitre les plantes pour guérir eux aussi. Par ailleurs, l’Eglise protestante a été un acteur politique majeur du processus d’indépendance.

 

Le pasteur Jacky Cawidrone de l’EPKNC - DR

En Nouvelle Calédonie, le pasteur Jacky Cawidrone raconte que les kanaks n’ont pas vraiment choisi la religion protestante : c’est le chef qui a choisi pour son clan. Même si on peut regretter cette façon de concevoir la foi et d’adhérer à la religion, ce choix de la religion protestante fut utile pour se débarrasser d’un pouvoir lointain, tel que le Saint Empire romain ou une puissance coloniale. Aujourd’hui, l’autodétermination et la prise de responsabilités sont des caractéristiques vécues dans les Eglises réformées, particulièrement dans les synodes. Sur le plan politique, l’Eglise protestante kanak est clairement pour l’indépendance de la Nouvelle Calédonie.

A Madagascar, le président de l’Eglise de Jésus-Christ, Ammi Irako Andriamahazosoa témoigne du rôle de l’Eglise dans la promotion des langues locales. La bible, traduite en malagasy, a permis de sauvegarder cette langue aujourd’hui vivante et utilisée en poésie et dans la presse.

En Zambie, la pasteure Peggy Mulambya Kabonde de l’Eglise unie, s’interroge sur le rigidification, le conservatisme, le formalisme dominants. Elle en appelle à une nouvelle vitalité créative et regarde le pentecôtisme comme un signe plus que comme une concurrence. Elle pense que le protestantisme en Afrique va continuer à s’inculturer. Une réflexion que portent les Eglises protestantes occidentales.

Au Rwanda, la pasteure Julie Kandema explique que l’Eglise presbytérienne voudrait générer une capacité évangélique pour réconcilier et construire le pays. Les interrogations sur l’incapacité à empêcher le génocide sont toujours là.

Samuel Désiré Johnson (Cameroun, Cevaa), affirme pour sa part que le continent africain n’a pas encore expérimenté la Réformation. Si les pays d’Europe ont expérimenté la réforme de manière pratique, tel n’est pas encore le cas pour l’Afrique qui n’a connu la Réformation que de manière théorique à travers les missionnaires et l’histoire. Les Eglises africaines sont donc des Eglises post réformées qui n’ont pas été nourries par la sève vivifiante de la Réforme du 16e siècle, raison pour laquelle elles doivent initier leur propre réforme.   

 

Séance de travail en groupe - DR

 

Pour aujourd’hui, et pour demain

Plusieurs théologiens font état d’un défi difficile à relever : la concurrence en Afrique est forte, avec des Eglises pentecôtistes qui mettent l’accent sur la guérison physique et les prières de délivrance ou encore sur une théologie de la prospérité. Ces Eglises trouvent leur succès grâce à un nomadisme religieux courant et à la forte tendance d’une spiritualité composée « à la carte ».

Cependant, la conclusion de ces débats quand à l’identité de la foi protestante est unanime : elle est inchangée. L’Eglise protestante est toujours en réforme et reste dans un processus de changements continuels. L’étude de la Bible est un appel à conformer l’action du chrétien au message qu’elle contient.  Reprendre, toujours et sans cesse, le chemin qui nous guide vers la vérité et la vie.

 

Une dernière photo avant le retour - DR

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