De retour à Madagascar — Communauté d'Églises en mission

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Cevaa - Communauté d'églises en mission

De retour à Madagascar

Il aura passé près de six ans à assister l’EPMB dans sa gestion de projets à Cotonou. Parti en mission le 26 août 2010, dans le cadre des échanges de personnes entre Eglises membres de la Cevaa, le diacre Rija RABEMANANJARA est reparti cet été dans son pays d’origine. Depuis Madagascar, il revient avec fierté et enthousiasme sur sa longue mission.

Durant ces années passées au Bénin, qu'avez-vous réalisé sur les plans professionnel et personnel ?

D’un point de vue professionnel, on peut dire que le bilan est riche. Lors de ma mission, j’ai été impliqué dans 21 documents de projets que j’ai tous rédigés. Il s'agissait soit d'élaborer de nouveaux documents, soit d'apporter des retouches à des documents existants.

Les projets étaient divers comme l’échange de jeunes avec la paroisse de Fribourg ou le projet d'alphabétisation de femmes.

Bien entendu, tout cela se faisait en collaboration avec les différents responsables de projets concernés. Pendant ces travaux menés ensemble, je faisais la partie formation de ma mission. Il ne faut pas oublier que ce sont des personnes qui ont non seulement des niveaux mais aussi des domaines d'étude différents.

Dans le cadre de la gestion de projets, j'ai aussi accompagné et appuyé les différents responsables pour le suivi de 14 projets différents. J’ai aussi participé à d'autres activités, comme les travaux de la Commission de la Diaconie ou les appuis à des œuvres de l'EPMB. J'ai notamment été Directeur du Centre Chrétien d'Accueil et de Formation (CCAF) de Porto-Novo pendant un peu moins d'un an.

Sur le plan personnel, j’ai eu l’opportunité de découvrir un autre peuple et de tisser des liens avec lui.

La découverte d'un autre peuple avec les différents aspects de sa culture constitue, pour moi, un élément important dans la vie d'un missionnaire. Ce n'est pas la première fois que ma famille et moi sommes en contact avec des personnes d'un autre peuple. Mais en général, il s'agissait de situations qui sortaient du cadre de vie normale, comme lors des rencontres internationales par exemple, et les gens ne se comportent pas exactement de la même façon que s'ils étaient chez eux.

Cette fois, nous étions avec des Béninois au Bénin. Nous avons donc pu vivre avec eux et apprécier comment sont les Béninois. Bien entendu, il y a des pratiques et des comportements qui sont différents des nôtres. Nous avons appris qu'il ne s'agit pas de porter un jugement sur la culture des autres, mais plutôt de considérer les différences comme des éléments d'enrichissement de sa propre culture. Nous avons par exemple, vu, vécu et apprécié comment se font les mariages, les funérailles, les cultes à l'église…

La gestion de la communauté malgache a été aussi une expérience enrichissante. Quand on est à l’étranger, il y a plusieurs façons de se comporter vis-à-vis de ses compatriotes. On peut choisir de s'isoler et de profiter de la situation pour se fondre dans le paysage ou bien s'organiser pour former une entité sociale reconnue par la société.

La plupart des Malgaches au Bénin ont choisi la seconde option. Mais le fait qu'il n'y ait aucune représentation officielle de Madagascar (ambassade, consulat…) au Bénin oblige les Malgaches du Bénin à se débrouiller. Et comme la communauté malgache au Bénin n'est pas structurée, nous avons tous appris à prendre des responsabilités sans chercher à être des chefs, mais tout juste à être complémentaires et nous rendre utiles. Nous avons pu apprécier l'efficacité de ce principe à plusieurs reprises, par exemple lorsqu’il nous a fallu organiser les funérailles d'une compatriote décédée dans des circonstances assez floues.

 

Rija à Dangbo, DR

 

Lors d’une précédente interview pour notre site, vous disiez : "l'objectif est évidemment qu'à mon départ, l'EPMB ait un Département en mesure de gérer ou coordonner selon les règles de l'art les projets, les programmes ou les œuvres de l'Eglise dans le cadre de son témoignage au sein de la société béninoise." Est-ce le cas aujourd'hui ?

Oui, dans une certaine mesure. L'EPMB s'est dotée d'un département appelé « Département de la Diaconie ». Ce département est censé être celui qui va prendre sous sa tutelle tous les projets et les œuvres au sein de l'EPMB. Toutefois il faut reconnaitre que, pour de nombreuses raisons, il n'a jamais pu être pleinement opérationnel, bien que les œuvres et les projets foisonnent.

Mais l'EPMB a aussi mis en place une ONG dont les activités reprennent la plupart de celles du « Département de la Diaconie » dont le Directeur sera aussi le Coordonnateur National de l’ONG. On peut donc la considérer comme une structure "en mesure de gérer ou coordonner selon les règles de l'art les projets, programmes ou les œuvres de l'Eglise dans le cadre de son témoignage au sein de la société béninoise".

 

Que retenez-vous de cette longue expérience ?

Je retiendrai, entre autres, les deux faces de la mission. D'une part, il y a celle que je dirai "la mission officielle". D'autre part, il y a les aspects extérieurs à cette mission sont, pour moi, au moins aussi importants que la mission elle-même. En effet, si la mission officielle permet au missionnaire d'acquérir plus d'expériences et d'enrichir ses capacités professionnelles, ce sont surtout ces aspects extérieurs qui contribuent à l'édification du missionnaire et de sa famille en tant que hommes et femmes au sein d'une société multiculturelle.

Je retiens également l’aspect sécurité de cette mission. Je pouvais laisser ma sacoche avec mon ordinateur dans la voiture pendant mes courses, rentrer à minuit ou plus tard après une soirée chez des amis. Je ne me suis jamais senti en danger.

Avec l'institution EPMB, j'ai été Directeur du CCAF. Aussi, je me sens avoir des liens plus forts avec cette œuvre qu'avec d'autres œuvres ou départements de l'EPMB. Je me préoccupe notamment au sujet de la durabilité de ce centre car il s'agit, pour moi, de montrer au monde et à l'EPMB elle-même qu'il est possible pour une église de gérer efficacement une œuvre de ce genre.

 

Rija, son épouse Hanta et leur fils Nomena reçus par la Présidence de l'EPMB, 2016, DR

 

Que ressentez-vous depuis votre retour ? Le Bénin vous manque-t-il ?

Nous sommes d’abord contents de retrouver la famille, les amis, l'appartement et le quartier que nous avons laissé en 2010 et que nous avons réintégrés.

Evidemment, le Bénin nous manque un peu. En fait, beaucoup de choses du Bénin nous manquent : la sécurité qui nous a permis de circuler sans problème même à minuit, les bouchers du marché de Ganhi, les danses de la communauté lors des actions de grâce pendant les cultes, les frites au poisson du maquis en face du temple Shalôm de Gbéto, les cultes œcuméniques mensuels avec la communauté malgache, les slaloms des zemidjans (motos-taxis), l'expression "je viens !", les soirées de fin de semaine entre malgaches, les vendeurs d'essence au bord de la route, l'igname pilée …et tant d’autres choses que nous avons vécu durant ces six années.

Mon épouse était contente de retourner au pays. Mon fils, lui, ressent un mélange de joie et de tristesse : joie de retrouver son pays, sa famille (surtout ses cousins et cousines), ses amis qui sont restés au pays, et tristesse car ses amis du collège lui manquent, ainsi que certains aspects de notre vie au Bénin. En tout cas, sa personnalité n'a pas été changée par le retour, il est resté le grand rêveur qu'il a toujours été.

 

De retour, quels sont vos projets à Madagascar ?

Comme le SAF/FJKM (le Département de la FJKM pour le Développement) est dans l'impossibilité de me réintégrer, j'envisage de faire de la consultation en matière de gestion de projets, suivi-évaluation, formation ou animation. Mais je vais aussi étudier si d'autres possibilités (par exemple dans le domaine de l'enseignement) se présentent, et pourquoi pas une autre mission ?

 

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