Rencontre avec le Premier ministre centrafricain — Communauté d'Églises en mission

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Rencontre avec le Premier ministre centrafricain

Au troisième jour de sa visite en RCA, la délégation Défap-Cevaa-Ceta a rencontré André Nzapayeké, le Premier ministre centrafricain. Pour lui faire part de la solidarité que les membres de la délégation sont venus exprimer envers les Églises et, au-delà, envers toute la population de Centrafrique ; mais aussi pour évoquer sans tabou les racines du mal, comme la mauvaise gouvernance. « L’heure est venue de l’introspection », a reconnu le Premier ministre, « le pays doit retrouver des valeurs universelles. »

Ce dossier est constitué en partenariat avec la revue "Signes des Temps".

 

 

Salle de réunion où le Premier ministre, entouré de sa responsable de cabinet et de ses conseillers, a reçu la délégation. © Claire Bernole pour Défap

Cette troisième journée de visite de la délégation Cevaa-Défap-Ceta en République centrafricaine a débuté par un rendez-vous très attendu à la primature. En effet, si les représentants des différents organismes ont ensuite poursuivi le « tour des Églises » entamé à leur arrivée, ils tenaient également à rencontrer les autorités en place. Simon Kossi Dossou, envoyé spécial de la Ceta auprès des Églises francophones d'Afrique de l'Ouest et centrale, a commencé par rappeler le message de solidarité que la délégation est venue exprimer envers les chrétiens centrafricains. Pas seulement par un courrier ou un appel téléphonique, mais par une présence physique.

Jean-Arnold de Clermont, président du Défap, a insisté, quant à lui, sur les mauvaises gouvernances qui ont conduit à la situation critique que connaît actuellement le pays. Mauvaises gouvernances dont l’État français est sans doute en partie responsable. Suzanne Onambélé, présidente du Mouvement des femmes à l’Église protestante du Christ roi et membre du Réseau des femmes croyantes et médiatrices de paix, a également pris la parole pour rappeler à quel point les mères s’investissent pour la paix dans le pays et à quel point elles ont besoin de soutien. En outre, il est à ses yeux urgent de déculpabiliser les chrétiens, que l’on rend responsables d’exactions qui ne sont pas commises au nom de l’Église. Le pasteur Bertin Oundagnon, qui accompagnait lui aussi la délégation, a insisté sur la nécessité de définir une stratégie permettant de venir en aide aux organisations des Églises.

« La réconciliation ne se fera pas sans justice »

Enfin, impossible de faire l’impasse sur le fond – ou plutôt ce que beaucoup croient être le fond – du problème : les tensions inter-confessionnelles. Il était essentiel, pour chaque partie en présence, de réfuter la thèse selon laquelle ces tensions seraient à l’origine des violences vécues ces derniers temps en RCA. « Pour résoudre les conflits, il est indispensable de s’attaquer aux racines du mal. Si tant de jeunes se laissent embrigader dans les milices, c’est peut-être parce qu’ils n’ont ni avenir, ni espoir », a souligné Thierry Muhlbach, président de la Cevaa. Un message qui semble avoir été sinon entendu par le Premier ministre, du moins avoir reçu un écho favorable de sa part.

En effet, le constat est commun. Après avoir attentivement écouté chacun des représentants venu s’exprimer, le Premier ministre, André Nzapayeké, a lui-même reconnu que le pays traversait une crise dont les causes sont à chercher du côté du manque – manque d’intérêt jusque là manifesté pour les provinces reculées, manque d’infrastructures, manque de moyens pour l’éducation… – et non du côté de la religion. « L’heure est venue de l’introspection », a-t-il affirmé, « le pays doit retrouver des valeurs universelles. »

Dans cette perspective, le discours du Premier ministre est très clair : il s’agit en premier lieu d’aller en profondeur pour trouver les racines du mal. « Sur ce point, l’église a un grand rôle à jouer. Jusqu’à présent, elle n’a pas suffisamment pris position contre les groupes qui bafouent les valeurs chrétiennes », a-t-il affirmé. Par ailleurs, André Nzapayéké n’a pas hésité à parler de réconciliation : « Cette réconciliation ne se fera pas sans justice : quand un État est complètement effondré, c’est le seul moyen de redonner confiance aux citoyens », a-t-il reconnu avant de conclure : « Votre arrivée nous apaise et nous donne espoir ».

Si l’on peut regretter que le Premier ministre ne se soit pas exprimé sur les priorités du gouvernement actuel, ses projets et ses moyens – hormis une aide de la communauté internationale en cours de négociation pour plus de sécurité dans le pays – et au-delà des reproches qui ont été adressés au gouvernement de transition, on retiendra les très bonnes dispositions des autorités à dialoguer, à travailler pour l’unité du pays et à compter pour cela sur les Églises chrétiennes.

Claire Bernole,
pour le Défap et la Cevaa, en collaboration avec Signes des Temps

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