Le "rapt" de la future épouse à vélo ! — Communauté d'Églises en mission

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Le "rapt" de la future épouse à vélo !

Dessin illustrant l'article sur le "rapt de la fiancée", DR

Lors du séminaire "Nouvelle Action Commune" de novembre 2015, quelques anecdotes ont été partagées. En voici une.

Dessin illustrant l'article sur le "rapt de la fiancée", DR

 

Dans la région du Littoral du Cameroun, la dot doit être versée par le prétendant aux parents de la jeune fille qui autorisent alors le mariage de leur fille avec le prétendant. Le versement de la dot ne constitue cependant pas une garantie, puisque les parents (soit par cupidité, soit parce que le prétendant n’est pas assez bien pour eux), peuvent tergiverser, voire changer d’opinion. Il pouvait en effet arriver que les parents de la jeune fille, bien qu’ayant déjà reçu la dot d’un prétendant, fassent la même promesse à plusieurs autres prétendants à la fois. Tant que la jeune fille n’a pas encore rejoint le domicile de son futur époux, les parents décident en effet de son avenir.

 

La famille de la jeune fille pouvait en effet se permettre d’extorquer du futur fiancé plus que ce qui avait été convenu. Ceci n’était pas anormal selon la tradition, car face à cette situation, le fiancé avait deux possibilités :

  • soit entamer de nouvelles négociations avec la famille,
  • soit ravir sa promise.

 

Dans le cas d’un enlèvement, le futur époux doit, d’après la tradition orale, impérativement avoir dépucelé sa fiancée avant que sa famille ne la libère. La famille de la jeune fille est ainsi impuissante et il ne lui reste plus qu’à autoriser le mariage. Si la jeune fille est libérée par sa famille avant qu’elle ne soit dépucelée, des dédommagements exorbitants sont alors imposés au futur époux, ce qui en réalité signifie la fin de la relation (Cf. BEBEY, F.: Le fils d’Agatha Moudio - Roman, 1967). Le prétendant est donc éconduit sans aucun dédommagement.

 

Le mot rapt peut avoir une consonance barbare et immorale pour les oreilles européennes. Il s’agit cependant de l’exécution d’un contrat déjà conclu (il faut en effet préciser que le rapt ne pouvait s’opérer que si la dot avait déjà été versée).

Il faut aussi signaler que certains rapts se faisaient avec le consentement (ou complicité active) de la fiancée.

 

Certains enlèvements constituaient en effet une mise en scène des deux fiancés. Lorsque la jeune fille aimait vraiment son fiancé et que ses parents, après réception de la dot, continuaient à poser des obstacles, la fille se faisait volontairement enlever. Il semble même avoir eu des enlèvements à vélo ! La jeune fille crie et alerte la population pour sauver son honneur, mais elle n’a aucune intention de se faire libérer par les siens. (Extrait de l’ouvrage de Samuel Désiré JOHNSON : La formation d’une Eglise locale au Cameroun. Le cas des communautés baptistes (1841-1949), Karthala, 2012, p. 321-336)

 

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