Le nouveau projet « Solidarité Santé » de la Cevaa et de la Tavola Valdese — Communauté d'Églises en mission

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Le nouveau projet « Solidarité Santé » de la Cevaa et de la Tavola Valdese

Photo de groupe lors du séminaire Solidarité-Santé OPM-Cevaa (Abidjan mars 2016), DR

Le quotidien italien des Eglises évangéliques baptistes, méthodistes et vaudoises en Italie (Riforma) a fait paraître en février 2016 un article du projet « Solidarité Santé » de la Cevaa et de la Tavola Valdese, soutenu par le fond OPM (Otto per mille). En voici la traduction.

DOUALA. Ici au Cameroun la santé est une question importante. « Où ça ne l'est pas ? » pourrait-on dire. C'est vrai mais, peut-être, ici plus qu'ailleurs, c'est évident que beaucoup d'autres domaines dépendent de la santé, comme par exemple, le travail, l'émancipation des femmes, la lutte au chômage ou encore le domaine du social en général. La santé semble être une clé pour ouvrir beaucoup d'autres portes : « Quand tu es malade, comment peux-tu t'occuper du reste ? » me dit un jeune homme avec qui je suis en train de discuter. Tout le monde sait qu'en Italie nous sommes gâtés par le système de santé publique mais, ici, se rendre compte que chaque prestation sanitaire a un prix, tel un produit sur le marché (même pire, puisqu'on paye à l'avance), étonne et blesse à la fois.

 

Photo de groupe lors du séminaire Solidarité-Santé OPM-Cevaa (Abidjan mars 2016), DR

Photo de groupe lors du séminaire Solidarité-Santé OPM-Cevaa (Abidjan, mars 2016), DR

 

D'autant plus que les structures sont souvent délabrées, les équipements et les espaces inadéquats et le personnel insuffisant. Les fonds octroyés servent à soutenir la structure, les dépenses sanitaires et les équipements, en plus des salaires du personnel qui sont versés par l'état, mais seulement « lorsque tout fonctionne comme il faut » dit un médecin de Douala. Dans les hôpitaux des églises, les soins sont moins chers, mais jamais gratuits.

Beaucoup d’autres problèmes affectent le système de santé au Cameroun, ainsi que dans d'autres Pays africains : l’absence de politiques sanitaires centralisées, des difficultés dans la gestion financière, des structures obsolètes, les dettes des administrations ou alors les rapports pas toujours faciles avec l'État, pour ne donner que quelques exemples.

 

Voilà pourquoi, le premier comité technique opérationnel du projet Solidarité Santé de la Cevaa (Communauté des églises en mission) et de la Table Vaudoise ‑ financé en partie par les fonds « Otto per mille » de l'Église vaudoise‑ s’est réuni à Douala. Il s'agit d'un projet pilote qui a débuté en 2015 et qui poursuivra jusqu'en 2018. Son but est d'améliorer la gestion des ressources matérielles, humaines et économiques des différentes structures sanitaires appartenant aux églises de la Cevaa. Le projet vise à renforcer les liens entres les structures et à favoriser les échanges d'expériences et de compétences créant une certification de qualité « Label Cevaa » qui puisse devenir une référence pour les autres hôpitaux et pour des projets éventuels futurs. Il s'agit donc de renforcer la diaconie sociale que les églises mettent en pratique dans les hôpitaux.

 

La rencontre a eu lieu au centre de formation Cafrad (Centre d'Animation, Formation, Recherche et d'Appui au Développement) de l’Église évangélique du Cameroun. L’équipe de la présidence et du secrétariat de la Cevaa, ainsi que la responsable du bureau « Otto per mille » de l’Église vaudoise, ont travaillé avec six experts en la matière, des médecins et des responsables des structures sanitaires, provenant de différents Pays d’Afrique. Les hôpitaux concernés par le projet ne se ressemblent pas (ils sont situés dans des zones rurales ou urbaines, gérés par les églises ou par l’État etc.) et pourtant « ils ont tous les mêmes problèmes – nous dit Mathilde Andet Guidimti, responsable du projet Solidarité Santé ‑ avec des niveaux de développement différents. Nous avons visité des hôpitaux au Bénin, au Togo, en Zambie, au Ghana, au Lesotho, en Côte d’Ivoire et au Cameroun afin de réaliser des interviews, recenser les situations et cerner les différentes identités. Nous avons essayé de comprendre leur idée de développement pour élaborer ensuite un plan stratégique que nous sommes en train de parfaire ici à Douala ». Nous ne parlons pas seulement de fonds, mais aussi, et surtout, de la création d’un modèle partagé afin que les hôpitaux puissent offrir une qualité supérieure, augmenter leurs offres et leurs compétences, et développer leurs possibilités de s’autofinancer.

Le projet est issu d’une longue réflexion au sein de la Cevaa, dont le point fort est la collaboration paritaire entre églises sœurs du nord et du sud du monde est. « La Cevaa est une communauté de 35 églises dans laquelle nous partageons aussi nos préoccupations – affirme Thierry Muhlbach, président de la Cevaa ‑ Et justement ce projet naît d’une préoccupation évoquée par la base, par les églises africaines qui gèrent des hôpitaux hérités des anciennes missions. La Cevaa a pris en charge ces difficultés organisant un séminaire qui a rassemblé les responsables des structures des différents Pays. Le renforcement mutuel et l'augmentation des échanges sont les recommandations issues de ce séminaire, des recommandations que nous sommes en train de transformer en lignes directrices, ici à Douala ».

Il s'agit de la toute première expérience de soutien aux œuvres des églises avec un projet fédéral d'une si grande envergure « nous avons déjà soutenu des œuvres des églises, mais toujours des petites réalités, jamais à ce niveau communautaire ‑ ajoute encore le pasteur Muhlbach ‑ Lorsque la Tavola nous a proposé un soutien économique, j'ai eu peur : c'est un paradoxe mais s'il y a de l'argent, c'est plus difficile de travailler ensemble. Néanmoins, ainsi que la Cevaa le préconise depuis 45 ans, pour ces hôpitaux nous étions tous d'accord pour refuser l'ancien modèle missionnaire qui distribuait les fonds sur la base de décisions venant d'en haut ».

« L'Otto per Mille » vaudois a beaucoup de partenaires dans le monde protestant, « et sans aucun doute, la Cevaa est un partenaire historique ‑ nous dit Susanna Pietra, responsable du bureau Opm‑. On lui assigne des fonds qui seront utilisés suivant nos lignes directrices et dont les résultats passeront au crible de notre Commission et de la Tavola. À l'issu du travail accompli ensemble, une exigence s'est clairement manifestée : les structures sanitaires appartenant aux églises membres de la Cevaa doivent se mettre en réseau pour définir un plan de développement capable de faire face aux défis de l'avenir. C'est de cette constatation que naît l'idée de soutenir ce premier projet pilote qui engage 9 hôpitaux dans 7 Pays différents ».

 

Un projet concret pour potentialiser les opportunités et résoudre les difficultés qui affligent ces œuvres, de la manière la plus vertueuse : ensemble.

 

Matteo De Fazio, journaliste

Trad: Micaela Fenoglio

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