Rencontre avec l’ambassadeur de France à Bangui — Communauté d'Églises en mission

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Rencontre avec l’ambassadeur de France à Bangui

Rencontre avec avec l’ambassadeur de France en RCA, Charles Malinas. © Claire Bernole pour Cevaa

Les membres de la délégation Défap-Cevaa-Ceta ont pu partager lundi leur analyse de la crise centrafricaine avec l’ambassadeur de France, Charles Malinas. Ce dernier a évoqué le problème de la remise en route de la chaîne judiciaire et pénale, désorganisée par les troubles : pour lui, « pas de réconciliation sans justice », a ajouté l’ambassadeur. S’exprimant les déplacements de populations, il a estimé que son mandat consiste à « permettre aux gens de vivre ensemble » et non à évacuer tous les musulmans qui se sont regroupés pour fuir des violences.

Ce dossier est constitué en partenariat avec la revue "Signes des Temps".

 

 

 

Rencontre avec avec l’ambassadeur de France en RCA, Charles Malinas. © Claire Bernole pour Cevaa

En visite à Bangui, la délégation Cevaa-Défap-Ceta a rencontré, lundi 8 avril, l’ambassadeur de France en République centrafricaine. Tous ont partagé leurs analyses de la crise que traverse le pays et évoqué ensemble les issues possibles. Jean-Arnold de Clermont, a rappelé « le message de solidarité que les organismes représentés souhaitent transmettre aux Centrafricains. Un message qui ne pouvait passer par lettre et nécessitait une présence physique. » « Nous nous tenons aux côtés de ceux qui refusent que la situation tourne au conflit interreligieux et essaient de construire le pays », a ensuite ajouté le président du Défap.

Si l’ambassadeur, Charles Malinas, reconnaît que les origines des tensions qui secouent la République centrafricaine ne sont pas d’ordre religieux, il déplore en revanche que leurs « incidences religieuses » soient « inquiétantes ». En outre, s’exprimant plus précisément sur la situation des musulmans, Charles Malinas estime que son mandat consiste à « permettre aux gens de vivre ensemble » et non à évacuer tous les musulmans qui se sont regroupés pour fuir des violences. Ce qui ne serait, à ses yeux, une solution qu’en situation d’extrême urgence. En cela, sa position diffère de plusieurs ONG et des Nations Unies.

« La sécurité des tribunaux doit être assurée »

Interrogé sur ce que seraient les priorités pour sortir de la crise, l’ambassadeur a répondu qu’il s’attachait « à remettre en route la chaîne pénale ». D’une part la police judiciaire ne joue pas son rôle. Il faudrait donc recruter des hommes de confiance compétents pour en assumer la charge. Par ailleurs, les magistrats ont peur – et sans doute avec raison : « La sécurité des tribunaux doit être assurée par le politique et nous nous efforçons de l’y aider. » Surtout, Charles Malinas a souligné la nécessaire mise en place d’une juridiction spéciale pour traiter des crimes commis lors des derniers événements. Enfin, la prison remplit mal ses fonctions. Une réorganisation de l’institution pénitentiaire s’imposerait donc. « Pas de réconciliation sans justice », a ajouté l’ambassadeur.

L’éducation a été brièvement évoquée, à la suite des quinze premiers jours de la reprise de l’école dans le pays. « Le gouvernement actuel est en grande partie formé de la diaspora. Or, il faut apprendre à produire ses propres forces », a expliqué Charles Malinas. En effet, pour trouver une issue durable à la situation dans laquelle se trouve la République centrafricaine, il s’agit de penser l’avenir dès à présent. A ce titre, le rôle de ceux que l’on appelle désormais « les trois saints de Bangui » (le pasteur Guérékoyamé, l’archevêque Nzapalainga et l’imam Kobine) mais aussi celui des différentes Églises est très important du fait de l’influence que tous peuvent avoir sur la population croyante.

Plus tard dans la journée, les membres de la délégation ont rencontré le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'Onu (Ocha) pour échanger – comme avec l’ambassadeur – constats, analyses et pistes de sortie de crise. Si le coordinateur, Abdou Dieng, affirme que le pays ne sera pas mis sous la tutelle des Nations unies, il laisse entendre cependant que leur travail sur place pourrait bien devoir s’inscrire dans la durée. Quant aux lenteurs constatées dans la mise en œuvre de certains projets menés par les ONG, les réponses se voulaient rassurantes. Elles restent malheureusement imprécises. Il faudra donc attendre avant de pouvoir en juger.

Claire Bernole,
pour le Défap et la Cevaa, en collaboration avec Signes des Temps

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