Les frontières se ferment pour les Centrafricains — Communauté d'Églises en mission

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Les frontières se ferment pour les Centrafricains

Après les affrontements fin mai, qui avaient culminé par un massacre de déplacés dans une église de Bangui, la violence a de nouveau décru. Mais, conséquence de cette instabilité en RCA, circuler dans les pays voisins comme le Congo-Brazzaville ou le Cameroun devient de plus en plus difficile pour les commerçants centrafricains, ce qui aggrave la pénurie en République centrafricaine.
Corps d'une des victimes de l'attaque de l'église Notre-Dame-de-Fatima © A.B.

 

Des scènes de violence comparables à celles du 28 mai, lorsque l'église Notre-Dame-de-Fatima a été attaquée en plein Bangui, provoquant la mort d'un nombre indéterminé de déplacés qui y avaient trouvé refuge ainsi que celle de l'abbé Paul-Emile Nzalé, ne se sont pas reproduites depuis (lire : Centrafrique : des déplacés massacrés dans une église de Bangui). Mais on reste sans nouvelle de plusieurs personnes enlevées à cette occasion, et le niveau de tension reste élevé dans la capitale de la République centrafricaine. Un grand rassemblement de réconciliation prévu dans un stade de Bangui a dû être annulé. Surtout, l'instabilité de la RCA accroît l'isolement des Centrafricains, victimes de la méfiance des pays voisins. Dernières nouvelles à travers ces lettres d'un pasteur de Bangui avec lequel le Défap est en contact (1) :

 

30 mai

Premiers affrontements entre anti-balakas et Séléka

« La nuit a été sans lumière - certainement les agents ne pouvaient circuler car toute la ville était paralysée. Voilà déjà plusieurs semaines que nous n'avons plus d'eau dans le secteur. C'est dire combien les conditions de vie sont difficiles.

Hier, durant toute la journée, des miliciens ont enjoint la population de quitter le quartier parce qu'ils préparaient une attaque. Un petit nombre est resté y compris nous. Le quartier était devenu une base où on apprenait aux jeunes comment manier les armes.

Pour aller plus loin :

- ACTUALITÉS ET FICHE PAYS
Le point sur la République centrafricaine

- Visite de solidarité à Bangui : le dossier de la Cevaa

- Visite de solidarité à Bangui : le dossier de la Cevaa

Sur la vingtaine des personnes enlevées, deux ont été libérées – un homme âgé et un jeune enfant. Nous sommes sans nouvelle des autres. Ils ont été emmenés à la mairie du 3ème arrondissement situé dans le quartier Gbaya au Km5.

Très tôt ce matin c'était un concert de casseroles dès 4 heures du matin. Priez pour notre protection. La présence de ces milices n'est pas rassurante pour nous. »

31 mai


« Les manifestations d'hier ont fait trois victimes. Des manifestants tués par les forces internationales.« La ville était relativement calme aujourd'hui, mais il n'y avait pas de circulation. Nous sommes toujours en prière. La plate-forme a été obligée de suspendre depuis mercredi soir le programme qui devrait conduire au grand rassemblement de réconciliation aujourd'hui, samedi 31 mai.

Les musulmans du Km5 voulaient organiser une marche de protestation suite au discours de la présidente de transition qui disait hier que le Km5 devait être désarmé. Dieu merci, cela n'a pas eu lieu, car les jeunes attendaient pour les attaquer. »

 

2 juin

La RCA est considérée comme un paria par les pays voisins

« Ce n'était pas facile de se rendre hier matin à l'église. Les véhicules ne circulaient pas ; les taxis ne roulaient pas non plus. J'ai dû souffrir pour faire les trois kilomètres aller et les 3 kilomètres retour avec mes pieds toujours souffrants. Plusieurs fidèles m'attendaient à l'église, il fallait les réconforter après les durs moments de la semaine écoulée. Nous espérons que la vie va reprendre cette semaine.

Sur tout un autre registre, priez pour les Centrafricains, qui sont désormais malvenus aussi au Congo-Brazzaville (puisque ce pays veille à sa sécurité et que des délinquants de la RCA y avaient trouvé asile, provoquant la réaction des autorités congolaises). Malheureusement des innocents se retrouvent victimes collatérales de leurs agissements, car le Congo est aussi un pays qui approvisionne la RCA, et un certain nombre de jeunes Centrafricains travaillaient là-bas. Priez pour que les innocents trouvent grâce aux yeux des gouvernants, car leur retour forcé ne peut qu'accentuer la situation délétère dans le pays.

A l'ouest, le Cameroun, qui est le principal pays qui ravitaille la RCA, a aussi pris des décisions depuis la semaine passée de ne pas laisser passer les commerçants centrafricains qui vont sur Douala. Les commerçants musulmans étaient les principaux ravitailleurs du pays, maintenant qu'ils n'y sont plus à cause de la crise, d'autres venus de Centrafrique veulent prendre la relève. Il semble que certaines personnes ont été arrêtées en possession de grenades, ce qui a motivé cette décision. Le voyage par la route coûte quatre fois moins cher que par avion. Ces petits commerçants n'ont pas un chiffre d'affaire conséquent pour se payer le luxe de voyager en avion. Les prix ont du coup grimpé dans le pays. La paupérisation s'est aggravée. Priez que le Seigneur nous fasse grâce et que nous ne devenions pas des indésirables.

En principe, la libre circulation des biens et des personnes est autorisée et garantie dans la zone CEMAC (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale) pour les pays ressortissants, malheureusement la RCA dans ces moments difficiles est considérée comme un paria et sa population comme non-résidente de la CEMAC par les pays riverains. »

 

(1) Ce pasteur de Bangui, également coordonnateur de l’organisation Nations en Marche Mission et Jeunesse, entretient une correspondance suivie en France avec Jean-Jacques Puig, membre du conseil local de l'Église protestante unie du Nord-Médoc. Si vous voulez plus de nouvelles de ce pasteur et de sa famille, vous pouvez joindre directement Jean-Jacques Puig.
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