Tanger : premiers microprojets sous l’ère de la détente — Communauté d'Églises en mission

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Cevaa - Communauté d'églises en mission

Tanger : premiers microprojets sous l’ère de la détente

photo : CEI Tanger

Voici les dernières nouvelles du Comité d’Entraide Internationale (CEI), organe qui gère le programme migrants de l’EEAM (Église Évangélique au Maroc, membre de la Cevaa). A Tanger, la section locale constate l'effet bénéfique parmi les ressortissants subsahariens de la détente qui prévaut actuellement dans le pays vis-à-vis des migrants.
FICHE D'ÉGLISE : L'EEAM
Avec le matériel qu’il vient d’acquérir, Alassane se dit avoir beaucoup d’opportunités, vu le nombre important de chantiers de construction à Tanger (photo : CEI Tanger)

A Boukhalef, malgré le temps morose qui court par ces jours pluvieux du mois de février à Tanger, les jeunes Subsahariens sont nombreux dans les espaces publics. Seul ou en petit groupe, ils sont stationnés au terminus des grands taxis qui desservent le centre ville, d’autres au bord des avenues, ou devant les cafés. Sur les avenues qui confluent vers le rond-point, leur présence nombreuse se fait signaler ; ils circulent dans tous les sens, certains avec téléphone à la main ou à l’oreille. Hommes ou femmes, ils sont presque à égalité. Les femmes souvent accompagnées d’un enfant porté au dos ou tenu à la main. De temps en temps, des voix s’élèvent et parlent fort. Le parler à haute voix est une des caractéristiques de ces ressortissants subsahariens.

La scène qui vient d’être décrite est bien habituelle dans ce quartier où vivent les jeunes subsahariens sans papiers. Pourtant, ces derniers jours, elle est quand même différente. Ce qui en fait la particularité c’est l’ambiance décrispée et l’humeur détendue qui se lisent sur les visages et dans les échanges. Oui, les Africains sans papier vivent leur printemps depuis que les forces de l’ordre ont gelé les opérations d’arrestation et que la campagne de régularisation des immigrés a été officiellement lancée. Alassane, à qui nous rendons visite dans le cadre de microprojet, reconnaît ce temps nouveau qu’ils vivent. Pour lui, tout va bien pour le moment, il n’ya pas des tracasseries. Au milieu de notre conversation, pendant que nous nous enfonçons au milieu des immeubles, j’évoque par hasard le cas du jeune camerounais qui était décédé après s’être jeté par la fenêtre «selon la version officielle». Je ne me rends pas compte que le lieu sur lequel nous parlons est juste en dessous de l’immeuble où cet incident funeste s’est produit. «C’est de cette fenêtre qu’il est tombé et en est mort», nous indique Alassane. On sait que cet incident a été suivi de manifestations : celle des subsahariens qui protestaient contre ces représailles qu’ils subissent, puis la contre manifestation des autochtones qui dénonçaient d’être envahis par «ces gens venant d’ailleurs».

Des micro-projets soutenus par le CEI : équipement d'électricien, vente de beignets...

Aujourd’hui, pour le moment du moins, le temps des angoisses semble quelque peu derrière. Les nouvelles orientations politiques paraissent donner leurs premiers fruits. Alassane est serein. Il n’a donc pas peur de se voir expulser et, pour cause, est confiant que le matériel que le CEI lui a acheté pour ses activités d’électricien sera bien protégé.

Ce temps de détente et d’acceptation mutuelle va-t-il être favorable pour l’exécution des projets que nous avons commencé à financer au profit des migrants ? Nous l’espérons, du moins pour la mobilité des trois personnes qui ont été pour l’instant sélectionnées et financées. Deux femmes, mères respectivement d’un et de trois enfants, qui se lancent dans la fabrication et la vente de beignets. Elles ont choisi de faire du porte-à-porte et, pour cela, l’assurance de ne pas être inquiétées et arrêtées sur leur chemin est un encouragement à mener à bien leurs activités. Alassane de même, électricien de formation, avec le kit de matériel électrique qui lui a été acheté, se sent libre de faire des interventions dans des domiciles ou des chantiers où il sera sollicité. Alassane poursuit une activité qu’il avait déjà commencée à Fès. A Tanger, il se dit d’avoir plus d’opportunités vu les différents chantiers de construction, avec un avantage de compter désormais sur son propre matériel et non pas faire de la location ou se faire sous-traiter.

CEI Tanger

Actions sur le document