Séminaire des responsables Jeunesse : apprendre à travailler ensemble — Communauté d'Églises en mission

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Séminaire des responsables Jeunesse : apprendre à travailler ensemble

Venus de toutes les régions du monde et de pratiquement toutes les Eglises membres de la Cevaa, une soixantaine de responsables Jeunesse sont venus assister à un séminaire de formation à Porto-Novo, au Bénin, entre fin juillet et début août. Au menu : présentation des activités de la Cevaa, introduction à l'animation théologique, développement holistique...
  Fiche d'Église : l'EPMB
Séminaire des responsables Jeunesse : photo de groupe © F. Lefebvre

« Bonjour, nous sommes ici au CCAF, le Centre Chrétien d'Accueil et de Formation, qui appartient à l'Eglise protestante méthodiste du Bénin. Nous allons passer ensemble une semaine... » Face à Roger Lasmothey, le chargé de mission Jeunesse de la Cevaa, une soixantaine de jeunes venus de toutes les régions du monde (Europe, Afrique, Amérique, Pacifique, Océan indien) et de pratiquement toutes les Eglises de la Cevaa. Dans leurs communautés respectives, ils sont chargés, à des niveaux divers, de l'encadrement des programmes Jeunesse. Il s'agit pour eux d'apprendre à travailler ensemble au sein de la Cevaa. Ils sont rassemblés à Porto-Novo pour un séminaire de formation.

Et la formation commence d'emblée avec la première prise de contact. La parole est à Samuel Désiré Johnson, secrétaire exécutif de la Cevaa, responsable du pôle Animations. « Il y a plusieurs manières de se présenter, mais nous allons le faire ici d'une manière particulière », lance-t-il. Des bouts de papier et des stylos circulent, puis des épingles ; chacun agrafe son prénom sur sa poitrine, et tous sont invités à se lever. Dans un premier temps, il ne s'agit que de partir au hasard à la rencontre des autres. Puis le jeu se corse : réunis en cercle, les participants doivent passer le papier portant leur prénom à leur voisin de droite. Une fois, deux fois, trois fois... Les prénoms passent de main en main, s'éloignant toujours plus de leur propriétaire. Et lorsque le manège s'arrête, un premier volontaire s'en va chercher celui ou celle dont le nom est inscrit sur le papier qui lui est parvenu. Hésitations, rires et encouragements de l'assistance : entre ces participants qui, quelques heures plus tôt, ne s'étaient jamais rencontrés et ne savaient trop comment s'aborder, la glace est brisée.

Un jeu ? Pas seulement : c'est surtout un premier contact avec l'animation théologique, qui est l'essence même de la Cevaa. Apprendre à partir à la rencontre de l'autre, sans idées préconçues... Au-delà des techniques d'animation de groupe, c'est une autre manière de faire de la théologie, un outil au service des Eglises pour les aider à être inventives et ouvertes à la contextualisation. Après le manège des prénoms, toute l'assistance est invitée à se placer par ordre de taille – les plus grands à gauche de l'intervenant, les plus petits à droite ; puis, les célibataires d'un côté, les gens mariés de l'autre ; puis, par mois et jour de naissance... « Dans un groupe, souligne Samuel Désiré Johnson, personne n'est amené à garder tout le temps la même place. » Arrive l'heure de la pause : avant le culte d'ouverture, qui marquera le début officiel du séminaire, distribution générale de T-shirts portant le logo de la Cevaa.

La stratégie jeunesse de la Cevaa, issue des jeunes

Culte d'ouverture du séminaire : un des sacs distribués aux participants, dans le temple de l'UPAO © F. Lefebvre

La stratégie Jeunesse de la Communauté d'Eglises en mission, ce sont les jeunes eux-mêmes qui l'ont voulue : elle est directement issue d'une interpellation qui remonte à 2006 (et à l'Assemblée Générale de Bouznika, au Maroc) sur la place de la jeunesse au sein des Eglises. Cette préoccupation avait alors été portée par le pasteur Pierre Alméras, de l'Unepref. Face à un discours trop souvent entendu sur les jeunes, porteurs de « l'Eglise de demain », cette interpellation peut aujourd'hui se résumer en un slogan : « demain, d'accord, mais aujourd'hui d'abord ». Ce que la Cevaa a pris très au sérieux, comme le souligne Célestin Kiki, son secrétaire général, en faisant l'historique de la stratégie Jeunesse lors du culte d'ouverture du séminaire...

Il faut donc créer un réseau, faire émerger les préoccupations communes, apprendre à collaborer. Et montrer, aussi, ce que la Cevaa peut apporter. Après la première prise de contact, après les « jeux », l'après-midi est consacrée à un programme plus consistant : une présentation de la Cevaa, de ses activités, de son historique. Comment s'est traduite l'action de la Cevaa en Centrafrique ? Par des actions de reboisement, la construction d'un pont, la formation de pasteurs, une visite de solidarité après l'éclatement des violences... Au Gabon ? Après 40 ans de division, la Cevaa a travaillé à l'unité de l'église. Au Ghana ? C'est précisément dans ce pays, à Ho, en 2012, que des jeunes s'étaient retrouvés pour élaborer une nouvelle stratégie Jeunesse pour la Cevaa... La Cevaa a financé un centre de promotion féminine de l'Eglise luthérienne du Sénégal, organisé des échanges entre jeunes Ghanéens et Sénégalais...

initiation à l'animation théologique

Roger Lasmothey, chargé de mission Jeunesse de la Cevaa, lors du culte d'ouverture du séminaire © F. Lefebvre

Mais c'est la découverte des fondements de l'animation théologique, présentés dès le lendemain par Samuel Johnson, qui interpelle le plus l'auditoire. Au-delà des jeux introductifs du premier jour, les participants découvrent ses quatre principes de base : c'est la foi en Jésus-Christ qui doit entraîner un engagement dans la société ; tout chrétien est missionnaire, et chacun doit être capable de porter un témoignage, partager sa foi – avec sagesse et sans imposer ; chacun peut lire et comprendre la Bible dans sa propre situation, en vue de transformer sa situation dans le sens de l'Evangile ; tous participent comme enseignants et sont enseignés. « Une foi qui ne se pose pas de questions, résume Samuel Johnson, est une foi dangereuse. »

Pas de crainte à avoir sur ce plan : des questions, il y en a. Elles ont même commencé dès le premier jour. Sur la position de la Cevaa face aux problèmes politiques, poussant Célestin Kiki à rappeler l'influence de la Cevaa dans la création du PAOET, programme d'observateurs œcuméniques au Togo, où les élections s'accompagnent régulièrement de troubles. Sur la position de la Cevaa face aux problèmes internes des Eglises. Sur la question de l'homosexualité, qui divise fortement les Eglises du Nord et interpelle celles du Sud. Une question qui en appelle une autre, plus profonde, sur la définition même de la famille et de son rôle – préoccupation à l'origine de l'Action Commune de la Cevaa « Familles, Evangile et Culture ». Elle entraînera, à la suite de la présentation des principes de l'animation théologique, un débat passionné qui se poursuivra sur l'heure du déjeuner.

Mais si les débats sont vifs, l'envie d'agir ensemble, d'être Eglise ensemble est bien présente chez tous et chez toutes. En témoigne la méditation du mardi matin, organisée par deux des participantes et centrée sur le thème de l'amour : l'amour est patient, l'amour ne juge pas, l'amour ne soupçonne pas le mal... « Nous venons tous de lieux très différents, chacun avec des problèmes ou des fardeaux très différents : ne nous jugeons pas. » Pour s'en souvenir, tous les membres de l'auditoire sont invités à prendre un petit caillou, et à le garder dans leur poche jusqu'à la fin du séminaire.

Franck Lefebvre-Billiez

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